CRIS LUNA – Maëlstrohm
Tuez la choucroute et sortez le Riesling : le fils de Bitche est de retour ! Non Madame, cette introduction n’est pas insultante pour l’artiste ! Nos lecteurs assidus n’ont sans doute pas oublié Cris Luna ; le rêveur lorrain idéaliste né au Pays de Bitche en 1968. Ce musicien solitaire dont nous avions un peu malmené le premier album (NDR : « Babylon Child« sorti en août 2011) et qui, loin de nous en vouloir, avait accepté de se livrer à nous dans une interview passionnée.
Cris Luna revient aujourd’hui avec un second opus intitulé « Maëlstrohm ». Que les choses ont changé en trois ans à peine ! À l’époque de « Babylon Child », Cris Luna était (plus ou moins) le projet studio d’un multi-instrumentiste esseulé. Au cours des dernières années, l’ami Cris s’est entouré de musiciens capables de faire évoluer son projet en une formation live et, bien que tous les titres du nouvel album soient signés de sa main, on y devine le véritable effort collectif d’un groupe aguerri à l’art de la scène. Les nouvelles compositions sont des diamants bruts, polis à l’extrême pour briller sur les planches.
Nous retrouvons ici l’éclectisme qui caractérisait « Babylon Child ». Comme son prédécesseur, le nouvel opus est un maelström de genres divers et variés. « Maëlstrohm », toutefois, semble avoir bénéficié de l’expérience acquise au cours des trois dernières années. Les nouvelles compositions sont directes, concises, efficaces et, en dépit de leur diversité, forment un ensemble compact et homogène. Le chant du lorrain s’est également considérablement amélioré et nos allusions passées à un certain Johnny Rotten n’ont plus droit de cité. Cris Luna se présente aujourd’hui comme un groupe Rock Alternatif, ce qui, à notre humble avis, est un terme bien vulgaire pour décrire la richesse de son style.
« Shades Of Black » nous immerge d’amblée dans l’étrange univers métissé de Cris Luna : ici, ce sont Bowie et les Stooges qui jouent à Pink Floyd et s’amusent à mélanger la complexité du progressif à des ambiances garage. « Maëlstrohm », la courte intro multilingue qui donne son nom à la plaque introduit un « Red Boy » hargneux et franchement ‘pogotable’. C’est un titre garage-punk aux sonorités modernes, déclamé dans la langue de Goethe et rehaussé de quelques mots anglais qui laissent deviner un antique traumatisme capillaire. Petit retour aux atmosphères psychédéliques ‘Floydiennes’ avec le mélancolique « Lost (In Adoland) » avant le passage obligé par l’examen de conscience de « The Big Tree » ! Car il ne faudrait pas oublier que Cris Luna est un artiste engagé et que, lorsqu’il prend le micro, ce n’est généralement pas pour la fermer. Le message passe d’ailleurs très bien, lorsqu’il renforce, comme ici, sa gueulante humano-écologiste à l’aide d’un riff quasi Hard Rock et d’une rythmique on-ne-peut-plus entrainante. « Six Strings » pour suivre, avec ses guitares ultra-saturées et ses vocaux nasillards, nous replonge carrément dans l’univers proto-punk des Stooges et du MC5. « My Lady » et « One Sun » sont les deux titres qu’à titre personnel, nous apprécions le moins sur la plaque. Le premier est une bluette amoureuse et romantique, le second un titre Pop Rock chic et entrainant. Nous vous l’avions dit, Cris Luna est un homme éclectique ! Avant l’apothéose finale d’« Invisible Legion » (un furieux titre électro-rock qui n’est pas sans rappeler les anglais de The Prodigy), Cris Luna nous rappelle, une dernière fois avec » Eternal (Freeway To Love) », qu’il est fan de Pink Floyd.
Signalons encore que le CD est emballé dans un luxueux digipack (orné d’une superbe pochette dessinée spécialement par l’artiste américain Morisson). Les amoureux de (très) beaux objets préfèreront sans doute acquérir la version LP, absolument magnifique avec sa pochette double et son vinyle blanc immaculé.
Avec « Maëlstrohm », Cris Luna signe l’un des albums rock les plus originaux de ce début d’année et concrétise tous ses rêves d’excellence musicale. L’ami Cris rêve aussi de justice, de paix, d’égalité et d’un monde meilleur pour les générations à venir. Croisons les doigts, les fantasmes du gaillard semblent avoir une fâcheuse tendance à se réaliser !
L’album (43’02) :
- Shades Of Black (5’57)
- Maëlstrohm (0’29)
- Red Boy (3’08)
- Lost (in Adoland) (4’50)
- The Big Tree (4’11)
- Six Strings (3’47)
- My Lady (6’25)
- One Sun (3’36)
- Eternal (Freeway To Love) (3’34)
- Invisible Legion (7’00)
Le groupe :
- Cris Luna : Chant, Guitares, Basse, Claviers et Programmation
- Hervé Rouyer : Batterie
- Laurent Lepagneau : Claviers, guitares additionnelles et Programmation
Pays: FR
Autoproduction
Sortie: 2014/03/10