WITCH (The) – Black Flower Field (EP)

Si, après le succès international d’une pantalonnade cinématographique, le Nord de la France est devenu un éternel sujet de plaisanteries, il fut un temps où il les marais de Flandre, de Hainaut et de Picardie terrorisaient les populaces avides de tortures et de chairs brulées. Un article publié au début des années 80, recensait un peu plus d’un demi-millier de procès pour sorcellerie tenus depuis l’an 1500 dans ces régions voisines de notre royaume. On pouvait y lire, par exemple, qu’en 1573 la nommée Margueritte Couvain avait été jugée, étranglée puis brûlée pour actes de sorcellerie à Valencienne ; que Jeanne Cuvelier, accusée par son fils, avait subi l’estrapade (écartèlement) à trois reprise en 1591 sans jamais avouer sa faute (NDR : c’est vous dire si elle était fourbe) ; qu’en 1599, Jeanne Badart avait été brûlée à Coutiches ; qu’en 1702, Jeanne Harley avait été condamnée à subir la caresse des flammes purificatrices à Boëseghem. Et la liste était encore longue. L’article révélait également que la région de Douai avait été un véritable foyer de sorcellerie et que les bûchers y avaient crépité à de nombreuses reprises. Sur la toile, un site touristique affirme que, dans le cellier du beffroi de la ville, on peut encore visiter l’ancienne cellule où fut enfermée la sorcière Marie à Porions avant d’être grillée comme une vulgaire saucisse sur le barbecue de l’inquisition.

Nous sommes en 2014. Bonnes gens de Douai, rallumez le bûcher et faites péter l’inquisiteur car l’immonde sorcière est de retour ! Prenez garde car, pour envouter la populace actuelle, The Witch a troqué le manche du balai pour celui d’une guitare, la marmite pour un fût de batterie et la fiole de bave de crapaud pour un creuset de métal en fusion. Bonne nouvelle pour Satan, le maléfice de sa fiancée au nez crochu est diablement efficace !

The Witch (re)nait en 2010 et concocte sa première infusion de décibels (répertoriée dans le grand grimoire sous le nom de « Pachyderm Storm ») deux ans plus tard. L’immonde créature récidive aujourd’hui en proposant à ses adeptes d’absorber une décoction énergisante de fleurs des champs noires. « Black Flower Field » est un EP au pouvoir magnétique indéniable. La plaque argentée, une fois ancrée dans votre lecteur, n’acceptera d’en sortir qu’après exorcisme. Méfiance donc si vous êtes de ceux qui se laissent facilement ensorceler par les musiciens doués, les sonorités massives, les riffs à tiroirs, les cassures rythmiques intempestives, les arrangements inventifs et les vocaux hargneux. Prudence, encore, si la rage de l’underground, sournoisement emballée dans une production sonore de qualité supérieure génère chez vous une fâcheuse tendance à la fascination morbide. Le danger de prendre son pied est réel, vous êtes prévenus !

L’EP :

1. Skeleton Soul
2. Black Flower Field
3. Hellride
4. The Wizard Is Stoned
5. From Here To Underground

Le groupe :

• Djul : Guitare & Chant
• Antoine : Guitare
• Mathieu : Batterie
• Basse : George Abitol

Pays: FR
Autoproduction
Sortie: 2014/03