PAGANINI, Marcelo – 2012 space traffic jam
Vous imaginez-vous un embouteillage spatial, où des centaines d’OVNI feraient la file autour de la Terre pour venir observer un phénomène terrien tellement extraordinaire que toutes les galaxies du coin auraient décidé d’envoyer des émissaires en prendre connaissance? C’est comme ceci que Marcelo Paganini imagine les effets générés par son dernier album dont la conception trouve ses racines dès 1979, époque où le bon Marcelo rêvait de faire un album avec des sommités du rock progressif, telles que Gary Husband et Eumir Deodato.
Enfin, 35 ans plus tard, c’est chose faite et ce « 2012 space traffic jam » fait office de Graal enfin découvert et d’accomplissement final de la carrière de Marcelo Paganini. Pour ce qui ne connaissent pas ce personnage (et ils sont nombreux : j’en faisais d’ailleurs partie il y a une quinzaine de jours), Marcelo Paganini est un brésilien originaire de Belo Horizonte, la ville du grand jazzman brésilien Milton Nascimento, de même que celle des métallurgistes de Sepultura. C’est à partir de cette large palette d’influences que Marcelo Paganini développe son style musical, essentiellement basé sur un rock progressif énergique et technique.
Le temps passé à tricoter cet album n’a pas été passé en vain puisque « 2012 space traffic jam » met en place une dizaine de morceaux solides réalisés avec l’aide de musiciens blanchis sous le harnais. En effet, Gary Husband n’est pas né de la dernière pluie. Ce batteur phénoménal a gagné ses galons en accompagnant des demi-dieux tels qu’Allan Holdsworth, Billy Cobham, Jack Bruce ou Robin Trower, sans parler de Level 42. Bref, on retire son chapeau rien qu’en entendant son nom. Quant au claviériste Eumir Deodato, même topo : 70 piges, une trentaine d’albums solo et la production de près de 500 disques, pour le compte de Kool & The Gang, Bjork, KD Lang ou le fameux chanteur français Christophe. Là, on ne se contente pas d’enlever le chapeau, on met le genou à terre. Et on écrase les deux genoux sur le sol quand on découvre l’identité des deux invités qui viennent jouer que le morceau « Somewhere somehow » : Tony Kaye et Billy Sherwood de Yes.
On peut donc supposer que dans l’ensemble, l’album de Marcello Paganini est un festival de technicité où guitare, claviers, batterie et basse vont s’en donner à cœur joie. Et c’est ce qui se passe avec d’excellents titres comme « Sphinxes of Babel », « Somewhere, somehow », « Lost secrets », « Can’t autograph your MP3 » ou « 2012 space traffic jam » La production, captée à l’Eastcoste Studio de Londres, offre des sonorités à l’amplitude pharaonique. Le travail de Batterie de Gary Husband est tout simplement bluffant. On reste ici essentiellement dans une registre prog imparable et technicien, qui met en valeur les talents individuels tout en proposant des compositions solidement structurées et capables de laisser de temps en temps une petite place à la folie. Le seul reproche que l’on peut faire à cet album est le lettrage noir des titres sur fond vert foncé, donc quasiment impossible à déchiffrer. Il faudra penser à créer une école pour les designers de pochettes de disques.
Pays: BR
JAM 00002
Sortie: 2014/01/25