MORGANATICS (The) – Never Be Part Of Your World
Le label français indépendant M&O Music a eu le nez fin en signant le groupe parisien The Morganatics. Son premier opus, intitulé « Never Be Part Of Your World », est une très agréable surprise.
Derrière le nom du groupe The Morganatics se cachent cinq musiciens. Le noyau de base est composé de Nico (batterie), Chris (voix fémine) et Seb (voix masculine, guitare rythmique et claviers). Autour de ce noyau gravitent deux électrons libres : Lauris (lead guitar et guitare acoustique) et Mark Cruz Teix (basse). L’alchimie entre ces différents protagonistes a donné naissance à un premier EP, puis à ce premier album alternatif, très mélodique, aux confins du rock, du métal et du pop rock, avec des moments atmosphériques. Le groupe qualifie sa musique de spleen rock et il est vrai qu’il y a comme un côté mélancolique que l’on retrouve dans la plupart des compositions.
En ouverture, le titre « The Great Deceiver » qui fait penser à tous ces groupes rock américains en vogue sur les chaînes « jeunes ». Une mélodie qui accroche bien et vous colle à l’oreille. La guitare électrique est bien présente et sert d’épine dorsale au morceau. Rien de révolutionnaire, mais un morceau bien construit et interprété. « Sand (as Children say) » commence en mid-tempo, avant de verser dans le rock métal pur jus. Encore un morceau bien ficelé qui pourrait faire un tube en puissance… Au chant, un timbre de voix qui colle bien à ce côté « format radio ». Soulignons qu’à aucun moment on ne se rend compte qu’il s’agit d’un groupe français, ce qui n’est pas toujours le cas quand des artistes d’outre-Quiévrain se mettent en tête de chanter dans la langue de Shakespeare. Premier morceau long de l’album (6’27), « Fade Away » commence par des chuchotements et une partie calme en voix claire sur fond de piano. Le morceau se distingue des deux autres qui faisaient très « radio jeune ». La voix monte en puissance, soutenue par une batterie efficace. Le refrain en mid-tempo est encore une fois très catchy, intense et mélodique. C’est aussi le premier morceau où l’on entend aussi nettement la voix féminine. Magnifique complainte aux accents rock.
« Come With Me » est aussi un morceau de plus de 6 minutes, mais rien à voir avec le précédent. Une intro guitare électrique + batterie sur un rythme soutenu. Des voix qui modulent en appui avant l’attaque du texte proprement dit. L’accompagnement au clavier assure une légèreté aux couplets, tandis que le retour de la guitare électrique sur le refrain donne un côté plus musclé. Une composition aussi agréable qu’intrigante. Avec « Three-Leaf Clover Girl », retour à un format beaucoup plus court (3’39). Superbe intro au piano sur un rythme lent. Chris sort une jolie balade, soutenue au violoncelle. « Pro-Mia » est un morceau long (7’26) qui s’écoute comme on lit un livre. Piano et synthé en intro, voix douce en début de morceau, lente montée en puissance jusqu’au refrain. Et toujours cette impression d’avoir affaire à un tube en puissance, tant la mélodie est séduisante.
« Little Finger Syndrome » marque le retour du rythme et des riffs de guitare. La basse s’en donne à cœur joie sur cette compo qui fera la joie des programmateurs en radio. « Drag Me To Hell » : rien à voir avec le film éponyme qui n’avait pas convaincu grand monde. Un son de clavier électro-pop, des voix subtilement agencées, une instrumentation délicate. Les artisans de la mélodie laissent une fois encore libre cours à leur talent. Et puis, bref retour de la guitare électrique pour insuffler un peu plus de rythme, principalement dans les refrains.
Et nous voilà déjà au 9e titre sobrement intitulé « Fly ». Fidèles à leur tradition, les Morganatics démarrent en douceur. Le rythme s’accélère lentement sous l’impulsion d’une batterie qui se détache bien des autres instruments. La mélodie est douce et pleine d’une force contenue qui se dévoile en fin de morceau selon le bon vieux principe du crescendo. « Ready » est un autre véritable roman de rock métal (10’46). Un gimmick au piano à l’arrière-plan et des instruments qui créent une ambiance telle une araignée qui tisse sa toile. Ce morceau caractérisé par ses changements de rythme a une composante très prog qui n’est pas faite pour déplaire et qui emporte l’auditeur dans une expérience presque hypnotique. La longueur du morceau s’explique aussi par quelques solos virtuoses, principalement à la guitare, musclée mais jamais agressive. « Echoes from the Womb » est un morceau très représentatif qui résume bien la conception musicale du groupe. Tous les ingrédients de son talent y sont représentés dans un joli bouquet final.
D’aucuns reprocheront à l’album des Morganatics d’avoir un air de ressemblance avec des artistes multidiffusés sur la bande FM. Personnellement, j’ai pris beaucoup de plaisir à écouter et à réécouter cet album séduisant, bien produit et débordant de talent à tous les étages, que ce soit au niveau des compos, du jeu musical ou de l’interprétation vocale. Bref, ne prenez pas le titre au pied de la lettre. Au contraire, je vous encourage vivement à découvrir ce petit bijou qui explore l’univers musical de cette formation parisienne très prometteuse.
Pays: FR
M&OMUSIC 067
Sortie: 2013/10/24