VARIOUS ARTISTS – A psych tribute to the Doors
Après nous avoir sorti une compilation de chants de Noël revisités à la mode psychédélique (« Psych-out Christmas« , 2013), le label Cleopatra Records continue d’exploiter le filon de la reprise psychédélique, non pas cette fois de chansons de carnaval ou de marches militaires pakistanaises, mais de ce qui était déjà foncièrement psychédélique à l’époque : les Doors.
Les Doors, monument de la musique rock en général et de la musique psychédélique en particulier, n’ont guère ici besoin d’une présentation détaillée. De la Patagonie orientale jusqu’aux confins du désert de Gobi, même les gardiens de troupeaux qui n’ont jamais vu un gratte-ciel ni même une maison en dur connaissent le groupe de Jim Morrison et Ray Manzarek.
Et les exemples d’albums de reprises des Doors sont aussi nombreux (« Stoned immaculate » et « Darken my fire », par exemple, rien que pour les albums sortis en 2000), sans parler des groupes de reprises entièrement consacrés aux chansons du gang de Venice Beach. Alors, quelle peut bien être la plus-value d’une compilation doorsienne de plus?
Dans le cas de ce « A psych tribute to The Doors », nous dirons que c’est le profil des groupes intervenants qui est intéressant. On a affaire ici à la jeune garde du renouveau du rock psychédélique des années 2010. On retrouve donc ici sans étonnement les groupes phares de la nouvelle vague du néo-psychédélisme : Elephant Stone, Psychic Ills, Dead Meadow, Sons Of Hippies (quatre groupes qui avaient déjà contribué à la compilation « Psych-out Christmas »), les Black Angels, Dark Horses ou Dead Skeletons.
La sélection des titres est quant à elle d’un grand classicisme. Ce sont les plus incontournables du répertoire des Doors qui sont ici jetés en pâture à nos oreilles : « L.A. woman », « Soul kitchen », « Love me two times », « People are strange », « The crystal ship », « Riders of the storm », « Light my fire » « Roadhouse blues » ou « The end », par exemple.
Mais l’interprétation de ces titres par de jeunes groupes psychédéliques qui ont tout compris aux règles de cet art merveilleux aboutit ici à un fantastique moment de retrouvailles avec les Doors et avec le psychédélisme. Elephant Stone ouvre les débats dans la grandeur avec une version enlevée et stratosphérique de « L.A. woman », les Black Angels confirment la bonne impression sur « Soul kitchen » et les Psychic Ills terminent de mettre la fusée sur orbite avec « Love me two times ». Après, il n’y a plus qu’à se laisser dériver sur les ondes électriques et tantriques qui constituent le sel de cet excellent album. Les Sons Of Hippies font une reprise étonnante de « The soft parade » et les Dead Skeletons donne un petit côté acide et planant à « Riders of the storm ».
La version lounge de « Light my fire » par Wall Of Death est également surprenante, presqu’autant que le déchiffrage techno-aérien fait par Clinic de « Touch me », à l’origine très orchestré et très cuivré. Pareil pour le gros boogie « Roadhouse blues » qui est ici environné d’une multitude d’effets cosmiques mis en place par les gens de Vietnam. Après un « Love her madly » tout en fuzz par Geri X, il revient aux mythiques Raveonettes de terminer le voyage avec un « The end » flottant et vaporeux, venu en paix.
On aura compris que cette galette est tout à fait fabuleuse pour qui veut comprendre que la musique des Doors est éternelle et qu’elle trouve ici un toilettage radieux et pertinent. A aimer follement avec la femme de L.A. et les cavaliers de la tempête dans la cuisine de l’âme ou le bateau de cristal, jusqu’à la fin.
Pays: US
Cleopatra Records CLP1556
Sortie: 2014