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CAPALDI, Jim – The contender

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Nous retrouvons Jim Capaldi, ex-batteur de Traffic, dans ses œuvres solo à l’occasion de la réédition de “The contender” par le label Esoteric Recordings, qui poursuit ainsi sa série après les sorties de Oh how we danced (1972), Whale meat again (1974), Sweet smell of success (1980), Let the thunder cry (1981) et Some come running (1988). Les complétistes de Jim Capaldi ou les amateurs de Traffic se frottent donc les mains mais ils risquent de tirer une sacrée gueule à l’écoute de “The contender”, qui prenait en 1978 un virage outrageusement disco.

A ceux qui n’ont pas connu cette funeste période, rappelons que le disco a commencé à submerger les ondes et les dancings vers 1976 pour connaître une popularité universelle lors des années 1977-79, son ère d’apogée. Cette musique héritée du funk et transformée en sommet du kitsch par les paillettes, les chevelures afro gigantesques, les costards lamés et les boules à facettes, a fait quelques ravages également chez les rockers, dont certains ont cru malin de surfer sur cette vague dans l’espoir de rentrer quelques fonds supplémentaires sur le compte en banque.

A l’instar d’Adrian Gurvitz (un des fondateurs du hard rock avec Gun, Three Man Army ou Baker Gurvitz Army) qui sort en 1979 une effroyable sucrerie disco, ou des glam rockers de Sweet qui font n’importe quoi en 1978 avec “Level headed”, Jim Capaldi embrasse également la cause du disco avec “The contender”, son premier album chez Polydor après son séjour chez Island. On ne va pas se perdre dans les détails, cet album propose du disco à haute dose, avec un vague lignage rock, très insuffisant pour faire revenir “The contender” dans le camp du rock.

Il n’y a guère que “Dirty business” qui ouvre l’album en mode rock ‘n’ roll, avec une onde vaguement stonienne (les chœurs qui plagient littéralement ceux de “Brown sugar”). Le reste des morceaux (dont la reprise de “Sealed with a kiss”, un standard de 1960 interprété successivement par les Four Voices, Paul Anka, Bobby Vinton, les Chats Sauvages, Jason Donovan et autres) est traité à la sauce disco, avec force violons et rythmiques gentillettes et insouciantes. Que peut faire le critique rock pour sauver cet album? Reconnaître que, certes, les musiciens savent jouer et que Jim Capaldi est en voix, que le titre “Elixir of life” n’est pas si mal dans le genre funk nerveux ou que les ballades “Short ends” et “Had a dream today” (en bonus) ont leurs jolis moments. On peut aussi prêter attention au morceau “The contender”, qui fait intervenir Paul Kossoff (ex-Free) à la guitare et qui est aussi une très belle ballade pleine de charme et de sensibilité. Mais au-delà de ça, l’amateur de rock qui n’aime pas le disco ne peut que mépriser cet exercice qui met Capaldi sur le chemin de la trahison et du déshonneur.

Mais, miracle, il y a une chose qui sauve cette réédition Esoteric Recordings : le second CD bonus. Celui-ci retrace un concert de Jim Capaldi & The Contenders enregistré à Groningue le 26 mars 1978. La dizaine de titres joués ce soir-là provient le plus souvent des premiers albums solos de Jim Capaldi, “Whale meat again” (1974) et “Short cut draw blood” (1975). On trouve aussi des titres qui allaient atterrir sur l’album “Electric nights” de 1979 (encore funky mais plus rock), ainsi qu’un morceau de Traffic datant de l’époque “The low spark of high-heeled boys” (1971). L’allant et l’énergie de Jim Capaldi et de son groupe déployés sur ce live sont un vrai soulagement après les horreurs discoïdes entendues sur l’album “The contender”. Grâce à ce supplément salvateur, la terrible note de deux étoiles sur cinq qui s’apprêtait à s’abattre sur “The contender” remonte subitement à trois et demi, ce qui sauve l’ensemble.

Vous pouvez donc vous procurer ce double album sans honte, jouer au frisbee avec le premier CD et écouter tranquillement et sans remords le second. L’honneur est sauf. Et si vous aimez le disco, achetez-le mais vous ne pourrez pas jouer au frisbee.

Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 22432
Sortie: 2014/01/27 (réédition, original 1978)

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