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BRUCE, Jack – Cities of the heart

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Deuxième album de la nouvelle fournée de disques de Jack Bruce réédités par Esoteric Recordings, “Cities of the heart” est un live datant de 1994. A cette époque, Jack Bruce retrouve du poil de la bête après des années 80 assez mornes pour sa carrière, que l’on sait brillante puisque l’ex-Cream n’a plus à démontrer ses talents de bassiste et son importance dans le rock des années 60 et 70. En 1993, Jack Bruce sort l’album “Somethin’ els” qui traînait depuis longtemps de studio en studio, et il fête ses cinquante ans, ce qui est toujours une étape importante dans la vie des gens qui sont parvenus à arriver jusqu’à cet âge.

Pour marquer le coup, Jack Bruce réunit les musiciens importants qui ont jalonné son parcours et emmène tout ce petit monde en Allemagne, précisément à l’E-Werk de Cologne les 2 et 3 novembre 1993, pour deux concerts d’anthologie destinés à revisiter l’œuvre de Jack Bruce, en solo ou dans Cream. Du point de vue des invités, c’est carrément le gotha du rock anglais qui vient soutenir Jack Bruce et lui offrir de merveilleux moments de musique. Bien sûr, on pense tout de suite au grand Ginger Baker, batteur de Cream, mais on trouve aussi Dick Heckstall-Smith (saxophone), Clem Clempson (guitare, qui vient de participer à l’album “Somethin’ els”), Simon Phillips (batterie), Gary Moore (guitare), et plein d’autres, comme Gary Husband, Art Themen, Bernie Worrell, John Mumford ou Maggie Reilly, par exemple.

Il en résulte ce double album “Cities of the heart” qui, ne nous le cachons pas, est une petite perle à découvrir ou redécouvrir absolument. On y trouve tous les côtés de la carrière de Jack Bruce, en solo ou avec Cream, gracieux ou énervé. Le concert est d’autant plus passionnant qu’il suit une ligne montante, Jack Bruce démarrant seul sur scène et terminant dans une apothéose creamienne avec toute son équipe au grand complet sur scène.

La première partie du live est principalement consacrée à la carrière solo de Jack Bruce avec de fabuleuses interprétations de quelques titres des albums “Songs for a tailor” (1969), “Things we like” (1970) et “Harmony row” (1971). On démarre dans la candeur pianistique de “Can you follow”, où Bruce joue et chante seul. Puis on monte peu à peu en puissance avec l’arrivée du claviériste Gary Husband sur scène, pour un poignant “Running thro’ our hands”. Les choses commencent à devenir appétissantes avec deux instrumentaux jazz furieux où Dick Heckstall-Smith et Ginger Baker mettent le paquet. Ce trio devient quatuor avec la montée sur scène de Clem Clempson, qui aide à transformer la reprise de Buddy Guy “First time I met the blues” en moment de grâce. On est également subjugué par les reprises de “Neighbour, neighbour” et “Born under a bad sign”, enrichi d’une généreuse section de cuivres.

Le second CD réserve aussi son lot de divines surprises. On est encore dans les œuvres solo de Jack Bruce, avec “Ships in the night”, “Never tell your mother she’s out of tune”, “Theme for an imaginary western” (morceau de 1969 également repris par Mountain) ou “Life on earth” (de l’époque Baker Lordan Trower, projet de 1981 réunissant le grand Jack, l’ex-batteur de Sly & The Family Stone et Robin Trower, qu’on ne présente plus). Mais c’est la dernière ligne droite de ce disque qui prend des allures olympiennes. On termine bien entendu avec du Cream pur jus, qui voit “NSU”, “Sitting on the top of the world”, “Politician”, “Spoonful” et “Sunshine of your love” interprétés par le trio Jack Bruce – Ginger Baker – Gary Moore (qui étaient précisément associés en 1994 dans le projet BBM, Baker Bruce Moore). Eric Clapton est absent mais les solos époustouflants de Gary Moore compensent au mieux l’absence de God qui, ce soir-là, a compris que le polythéisme était une réalité. On n’est pas près d’oublier ces versions de “Sitting on the top of the world” ou de “Politician”, littéralement déifiées par un Gary Moore sublime, qui nous manque bien aujourd’hui. Et que dire des neuf minutes de “Spoonful” et des huit minutes de “Sunshine of your love”? Au-dessus, c’est la Voie Lactée.

Brillant, captivant, épatant, émouvant, bienveillant, rassurant, ce live “Cities of the heart” a toutes les qualités. C’est un des meilleurs albums live que j’ai pu me mettre dans les oreilles ces dernières années. On y trouve tout ce qui fait le talent de Jack Bruce, bassiste d’exception et chanteur à la fois puissant et fin. Que demander de plus? Le chemin du disquaire le plus proche, par exemple.

Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 22428
Sortie: 2014/01/27 (réédition, original 1994)

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