SECRET COLOURS – Peach

Eh oui, en pleine crise économique, en plein assaut morbide du morne 21ème siècle sur les derniers souvenirs du flower power et du Summer of Love, une nouvelle scène psychédélique jetant des petites fleurs sur les routes et voletant au-dessus des fumées du ciel vient s’insinuer dans nos oreilles. A la suite des plutôt électriques et éclectiques Ty Segall et The Oh-Sees, on compte des musiciens comme White Fence, des combos comme Night Beats, Tame Impala ou Wooden Shjips reprendre le flambeau allumé par les plus anciens Dandy Warhols, Flaming Lips, Warlocks ou Of Montreal.

La scène néo-psyché frissonne à nouveau et on espère qu’il y aura une petite place pour Secret Colours, un groupe qui rappelle Chicago, sa ville d’origine, n’est plus une cité de gangsters et qu’elle pourrait bien devenir un des centres d’influence du psychédélisme renaissant aux Etats-Unis. Cette formation évoluant à l’origine en sextuor a sorti son premier album en 2010. Ce « Secret colours » contenait déjà son lot de mélodies aériennes et électriques, dans une veine Dandy Warhols rencontrant les Stone Roses.

C’est ce partage entre psychédélisme américain et shoegaze à l’anglaise qui revient sur « Peach », où les Secret Colours ont davantage pu exprimer une inspiration propre les éloignant de leurs influences basiques, encore assez identifiables sur le premier album. Mais il semble que ce nouveau disque ait été enfanté dans la douleur puisque, du sextuor original, il ne reste déjà plus que les deux membres originaux Tommy Evans (chant et guitare) et Justin Frederick (batterie). Les deux survivants ont déjà recruté du sang neuf et s’apprêtent à larguer sur le monde un EP en deux parties du nom de « Positive distraction ».

Mais intéressons-nous plutôt ici à l’instant présent, avec ce « Peach » qui, il faut bien le dire, a la pêche. Sous la main experte du producteur Brian Deck (Modest Mouse, Gomez, Sage Francis, Iron & Wine), les Couleurs Secrètes couchent sur bande treize titres du plus bel éclat psychédélique, balancés entre lointains ancêtres sixties (Strawberry Alarm Clocks, West Coast Pop Art Experimental Band, Lazy Smoke, Thirteenth Floor Elevators) et mentors modernes (Dandy Warhols, Warlocks, Inspiral Carpets, Beta Band). Parmi les pépites, on se laissera particulièrement enjôler par « Blackbird (only one) » « Blackhole », « Peach », « Faust », « Me » ou le très animé « Lust ». Mais n’ayez crainte, le reste de l’album déroule aussi au petit poil et donne une irrépressible envie de revendre son blouson de cuir, de s’acheter une chemise à fleurs et de partir gaiement sur les routes de l’insouciance, s’électrifier les neurones et se laisser glisser sur les courants d’air, l’œil béat et le sourire aux lèvres.

Pays: US
Secret Colours (autoproduction)
Sortie: 2014/02/10