GLETSCHER – Devout
La Suisse nous envoie encore quelques nouvelles de son rock dynamique et varié avec ce nouveau groupe nommé Gletscher, formé à Zürich par Joileah Concepcion (guitare et chant), Marc Ysenschmid (basse) et Raphael Peter (batterie). Et pour ce qui est du style, prenez un bon casque de chantier et accrochez-vous aux rideaux parce que ça va trembler : Gletscher pratique un sludge rock épais animé d’éclairs métalliques progressifs.
Les responsables de ce forfait ont déjà un casier. Joileah Concepcion (qui comme son nom l’indique, n’est pas suisse allemande mais américaine de Brooklyn) a fait ses classes dans des groupes comme Sleeping People ou Temporary Residence. Avec Sleeping People, groupe math rock californien, elle s’appelle Joileah Thalmann (ah, suisse allemande quand même, alors?) et joue de la guitare avec un certain Kenseth Thibideau, qui participe aussi en guest à l’album de Gletscher. Marc Ysenschmid a quant à lui joué avec Sophie Hunger (un chanteuse folk suisse), Supersterz et Despu Palliton. Et Raphael Peter arrive de l’usine sidérurgique la plus proche où il a appris à cogner sur une batterie comme un cinglé.
Sous l’appellation Gletscher, nos trois héros commettent ce premier album placé sous le signe de la pesanteur, de l’angoisse et d’une certaine esthétique musicale. Les huit titres proposent un ensemble cohérent dont les ambiances rappelleront Tool ou les Melvins. Le petit prologue acoustique et enfantin « Eulemann » est trompeur, il ne fait qu’annoncer une marche de titans qui démarre sur les riffs épais et lents de « Devout ». La voix fluette et aérienne de Joileah Concepcion agit en contrepoint par rapport à l’imposante rythmique et à la guitare en surcharge. (« Vessel »).
Le groupe sait aussi créer des ambiances complexes sur des durées assez conséquentes (six à huit minutes), comme on peut le constater sur « December » (instrumental pharaonique) ou « Notfall », masse électrique déclinée selon une succession d’épisodes variés, permettant à la guitare des métamorphoses toujours captivantes. De leur côté, « Owl man » et « Empire » sont aussi venus livrer leur dose de colère maîtrisée ou de tristesse charbonneuse. Pour corser le tout, Gletscher lâche aussi un petit instrumental effrayant, dans la veine des musiques de films de John Carpenter, court mais capable de flanquer la frousse à un rebelle syrien.
On aura compris qu’il faut prêter une oreille plus qu’attentive à cette première œuvre, profonde et intéressante, laissant libre cours à l’imagination de musiciens habiles.
Pays: CH
Autoproduction
Sortie: 2014/01/18