WINDO, Gary – Steam radio tapes
Troisième et dernier album de Gary Windo édité par le label Gonzo Multimedia, « Steam radio tapes » est en fait un disque oublié du saxophoniste qui apparaît au grand jour plus de 35 ans après son enregistrement.
L’histoire de ce disque remonte à 1976, lorsque les Pink Floyd disposent enfin de leur propre studio d’enregistrement appelé Britannia Row, à l’ouest de Londres. Le batteur du Floyd, Nick Mason, est copain avec Gary Windo et lui explique que son groupe envisage de mesurer la qualité sonore du studio en faisant venir des musiciens tests. Les types disposeront du studio à leur guise, ce qui allèche bien Gary Windo qui débarque à Britannia Row avec son saxophone et quelques amis musiciens pour enregistrer quelques morceaux. Parmi les invités figurent Steve Hillage, Hugh Hopper, Peter van Hooke, Mike Hugg, Laurie Allan, Nick Mason, Terri Quaye, Gary Moberly ou Julie Tippetts (née Julie Driscoll, célèbre pour sa collaboration avec l’organiste Brian Auger dans les années 60).
C’est ainsi que durant plusieurs semaines, Gary Windo et ses invités couchent sur bande une dizaine de morceaux, d’obédience principalement soul et funk. Windo a plusieurs compositions dans sa besace, dont « Ginkie », un petit instrumental qu’il mettra officiellement sur son album « Deep water » en 1988. Il rend aussi hommage au grand saxophoniste américain Jimmy Forrest en reprenant le gros hit de ce dernier, « Night train » (qui avait été numéro un aux USA en 1952).
Pour le reste, avec des invités de la trempe de Nick Mason, Steve Hillage et consorts, on évolue dans le haut niveau de l’interprétation musicale. « Letting go » est enluminé de la voix cristalline de Julie Tippetts et c’est Pam Windo, l’épouse de Gary, qui chante sur « Is this the time », un funk bien chaloupé et sensuel d’où s’écoule les sonorités stridentes du saxophone. Troisième femme à intervenir, Terri Quaye imprime « Come into my garden » d’un chant feutré qui contraste avec la frénésie discoïde de la guitare, de la rythmique et du saxo. Et Steve Hillage dans tout ça ? Somptueux à la guitare sur « Missy », où il partage la vedette avec un Gary Windo en grande forme.
Le style de ce projet d’album, tout excellent qu’il soit, ne collait pas vraiment à la scène musicale britannique de l’époque. Trop élaboré pour être du simple disco susceptible d’intéresser une scène dance alors en gestation avancée, complètement éloigné du rock progressif moribond prêt à se laisser déborder par le punk, ce « Steam radio tapes » va rester lettre morte. Nick Mason essaie bien de vendre le concept à des maisons de disques mais on lui oppose une fin de non-recevoir.
Il faudra attendre près de quatre décennies pour voir cet album disponible au public. C’est l’occasion de découvrir encore un peu plus l’univers musical de Gary Windo, décidément un formidable saxophoniste versatile et curieux de tout. Son décès prématuré en 1992 a retiré aux auditeurs un personnage de haut vol dans la catégorie des cuivres.
Pays: GB
Gonzo Multimedia
Sortie: 2013/12/03