WINDO, Gary – Deep water
La découverte de son premier album « Dogface » nous a permis de faire connaissance avec Gary Windo (1941-1992), saxophoniste prodige qui fut une cheville ouvrière de la scène jazz progressive anglaise des années 70. Que ce soit au fond d’un studio derrière des artistes (Centipede, Robert Wyatt sur son album « Rock bottom », Matching Mole, Psychedelic Furs…) ou en tant qu’artiste solo, Gary Windo s’est forgé une réputation d’as des as du saxophone, capable de tout jouer et sur tous les registres.
Dans les années 80, avec son épouse Pam Windo, il réalise quelques albums sous son nom. Le premier, « Dogface », avait un petit côté fou, erratique et excitant, dans une exploration des possibilités du rock ‘n’ roll et du psychédélisme. Quelques années plus tard, Gary Windo revient avec « Deep water ». A l’époque (1982-88), Gary Windo est fort occupé dans des projets musicaux liés à sa rencontre avec Todd Rundgren. Après avoir joué sur le premier album des Psychedelic Furs (produit par Rundgren) et tourné en compagnie du même Rundgren qui avait mis sur pied un projet appelé A Capella Voice Orchestra, Gary Wino décide de se concentrer sur un nouveau projet solo et crée pour cela le Gary Windo Band.
A la différence de « Dogface », au lieu de travailler avec des groupes hétéroclites, Windo réunit une équipe unique de musiciens chevronnés : Knox Chandler (guitare), Jack Robinson (basse), Steve Moses (batterie) et Ann Sheldon (violoncelle, ex-Psychedelic Furs). Durant les années 1986 et 1987, Windo travaille sur son album aux studios Bearsville. Il réalise ainsi un album que l’on pourrait qualifier de pop ‘n’ roll jazzy. Autant dire que la classification est difficile, Gary Windo n’ayant pas l’habitude de se laisser enfermer dans des tiroirs. Plus cohérent que « Dogface », « Deep water » est également plus marqué par l’air du temps, ces années 80 synthétiques où la batterie électronique et les synthétiseurs régnaient sans partage sur la new wave, le rap ou le hip-hop naissant.
Ici, Gary Windo réunit toutes sortes de styles, toujours unis par les lignes imprévisibles et frénétiques de son saxophone. Il y a du rock mid-tempo relativement lourd (« Deep water »), des percées hendrixiennes de la guitare sur « Blonde country », des obstinations post-punk et new wave (« Clean machine », assez Devo dans l’âme, « Don’t bite too hard », croisement entre Joe Jackson et Madness), un truc horrible typiquement eighties, mélange entre Yazoo, Kraftwerk et Falco (« Subway love ») et quelques bons passages un peu plus rock (« Ghosts », « Breakfast in bed »). C’est Gary Windo qui chante des textes quelque peu allumés, ponctuant ses propos de solos de saxophone toujours imaginatifs.
C’est album est plus fixé dans son époque et a par conséquent un peu moins bien passé le test du temps que son prédécesseur. Mais cela n’empêche pas « Deep water » de demeurer intéressant et attachant quand on se souvient du talent et de l’esprit aventureux de Gary Windo.
Pays: GB
Gonzo Multimedia
Sortie: 2013/09/30 (réédition, original 1988)