WINDO, Gary – Dogface
Gonzo Multimedia poursuit l’exhumation de quelques albums d’artistes désormais lointains dans l’histoire mais dont le travail à la frange du rock et du jazz mérite d’être pris en considération. Après Brand X, voici donc Gary Windo, un saxophoniste britannique issu du jazz mais qui a fait quelques incursions dans le rock. Et l’écoute de ses œuvres démontre rapidement que ce monsieur était en quelque sorte le Jimi Hendrix du saxophone. Ne cherchez pas où vous pourrez le voir bientôt en concert, il est mort il y a 22 ans.
Né à Brighton en 1941, Gary Windo touche très jeune à la musique. Il se spécialise dans le saxophone ténor à l’âge de 17 ans. Il réside quelques années aux Etats-Unis mais revient en Angleterre à la fin des années 60. Là, il forme son propre groupe, le Gary Windo Quartet, qui ne tarde pas à accompagner divers artistes en studio. C’est ainsi que Gary Windo travaille avec des groupes ou des musiciens tels que Brotherhood Of Breath (une formation jazz), Centipede (jazz progressif anglais mené par le génial pianiste Keith Tippett), Matching Mole, The Running Man (des groupes prog rock), Carla Bley ou Nick Mason (le batteur de Pink Floyd). On trouve aussi Gary Windo sur des albums des Psychedelic Furs, NRBQ (inamovible groupe rock et blues américain fondé en 1967) ou Robert Wyatt.
On constate donc que Gary Windo était à l’aise dans tous les domaines du jazz et du rock, que ce soit en formation big band ou chez les rockers progressistes anglais. Sa technique inimitable a fait de lui un musicien capable d’évoluer tant sur saxophone soprano que clarinette, saxophone alto ou ténor. La complexité et la puissance des tonalités qu’il était capable de développer on fait de lui un des plus grands saxophonistes de son temps. Le paradoxe est que ce souffleur hors pair était gravement asthmatique, ce qui l’a d’ailleurs emporté en 1992.
Gary Windo avait eu aussi l’occasion de commettre quelques albums solo. « Dogface » est le premier d’entre eux, il date de 1982 et permet d’entendre Gary Windo en association avec d’autres formations, comme les K9’s ou NRBQ, ainsi qu’avec son épouse Pam Windo. Le moins que l’on puisse dire est que ce disque est plutôt surprenant, divagant entre rock progressif (« Puppy kisses »), binaire simplet (« Feela dog »), jazz boogie (« Guard duty »), délire tribal psychédélique (« Rex and Spot meet the international bitches »), ambiances de fanfare dézinguée au genièvre (« Hound »), expériences bruitistes (« Dogface »), punk rock total (« The husky »), reprise instrumentale de « Don’t be cruel », rumba cuivrée (« Baxter »), rock ‘n’ roll pur jus (« That’s all ») ou revisite de Coltrane à coups de flingue (« Lassie breaks out »).
Chaque morceau possède son ambiance particulière et montre un Gary Windo toujours explosif, plein d’allant et sûr de son affaire. Ses voyages fous dans les sonorités sax, son autorité buccale sur l’anche sont ici proprement admirables. Et dire qu’on avait oublié ce garçon! Avec cette réédition de « Dogface », justice est faite.
Pays: GB
Gonzo Multimedia
Sortie: 2013/11/04 (réédition, original 1982)