VALERIE SOLANAS (The) – Amazons

Le nom de Valerie Solanas semble être oublié aujourd’hui mais il fut celui d’une activiste féministe américaine radicale (1936-1988) qui se rendit célèbre en tentant d’assassiner Andy Warhol. Par cette action, Valerie Solanas a ainsi pu bénéficier de ce fameux quart d’heure de gloire défini par Warhol lui-même, dont on ne comprend pas très bien pourquoi il a été la cible d’une féministe et lesbienne revendiquée, lui qui ne représentait pas vraiment l’idéal type du mâle dominateur.

Mais tout cela est loin et le nom de Valerie Solanas a maintenant été récupéré par un groupe flamand qui a déjà quelques années d’expérience derrière lui et qui, il faut le dire, a été particulièrement gâté par les fées en ce qui concerne le talent. Composé de Michaël Brijs (chant et flute), Tom Tiest (guitare), Filip Vandebril (basse) et Diederik Van Remoortere (batterie), ce quatuor a fait un choix audacieux en passant énormément de temps à peaufiner un son qui lui est propre.

Et cela se sent de façon évidente à l’écoute de leur nouvel album « Amazons », qui fait suite à leur premier opus « Elevator girl » (2009). Entre ces deux disques, The Valerie Solanas ont aussi mis au point le EP « Strange goings on » (2012), annoncé comme le premier d’une série de quatre.

« Amazons » quant à lui, est passionnant de bout en bout, capable de développer des ambiances aigres-douces et de construire un univers contradictoire élaboré à partir d’un mélange improbable entre jazz, blues et punk funky. Ce qui intrigue déjà d’entrée de jeu, en marge de la musique, c’est la pochette de l’album, un fragment de BD surréaliste que l’on retrouve plus en détail dans un petit poster disponible dans le CD. Cette histoire d’amazones détruisant des androïdes chevauchant des criquets géants n’est qu’une petite mise en bouche, avant la découverte de la musique des Valerie Solanas.

Et lorsqu’on en arrive à la musique elle-même, on est immédiatement capté par cette énorme section rythmique, reposant sur la basse ronflante et chaude de Filip Vandebril, qui sert le chant grave et suave de Michaël Brijs, par ailleurs flûtiste capable de faire renaître un certain esprit Jethro Tull dans le style à la fois progressif, funky et jazzy des Valerie Solanas. Et c’est ainsi qu’on se fait ensorceler par les éléments subtils et rigoureux de « Psycho therapy », « Night people », « Lovers in a warzone », l’excellent « The amazons », le dansant « Valis », un « Polar bear » tout en flottement ou la tristesse tropicale de « In this little town ». Le dernier morceau « Silver shores » est suivi d’un morceau caché qui n’est autre que « Strange goings on » de l’EP précédent. Les paroles délirantes et la construction lourde et dramatique de ce titre terminent « Amazons » dans une imparable brillance.

The Valerie Solanas sera visible sur scène au Beursschouwburg de Bruxelles le 22 janvier, ainsi qu’au Dépôt de Louvain le 10 février. Une occasion de faire connaissance avec ce groupe plein de promesses.

Pays: BE
Green L.F.Ant GREEN51018
Sortie: 2014/01/22