CD/DVDChroniques

MOLLAND, Joey – Return to Memphis

Notre évaluation
L'évaluation des lecteurs
[Total: 0 Moyenne: 0]

A 66 ans, Joey Molland est un survivant. Du prestigieux passé de son groupe Badfinger durant les années 70, il ne reste que lui. Molland a en effet appartenu à un groupe qui a récolté un énorme succès en devenant un de poulains du label Apple fondé par les Beatles, mais dont le taux de décès a été supérieur à celui du débarquement de Normandie. Badfinger doit sans doute être l’unique groupe dans l’histoire du rock à avoir eu deux suicidés par pendaison (Pete Ham en 1975 et Tom Evans en 1983). Le troisième musicien, le batteur Mike Gibbins, meurt quant à lui dans son sommeil en 2005. De plus, les deux managers successifs de Badfinger, Bill Collins et Stan Polley, sont également décédés (de leur belle mort cependant, puisqu’ils approchaient les 90 ans), ainsi que l’épouse de Joey Molland.

Badfinger était-il pour autant un groupe maudit? Ce n’est pas vraiment avec son style musical proche de la west coast que Badfinger s’est attiré les mauvaises grâces d’un destin funeste. Ce groupe a placé aux sommets des charts anglais, canadiens et américains quelques petites perles entre 1969 et 1972, comme « Come and get it », « No matter what », « Day after day » ou « Baby blue » (qui a retrouvé récemment une seconde jeunesse comme générique du feuilleton TV « Breaking bad »). Passé cet âge d’or et la disparition de Pete Ham, Badfinger a continué au fil du temps, renaissant de séparations successives et finissant sous la tutelle de Joey Molland, qui en anime toujours une version de nos jours.

Le même Joey Molland a également prospéré avec une carrière solo intéressante mais parcimonieuse puisque seulement cinq albums ont vu le jour en trente ans. Le dernier en date, « This way up », datait de 2001 mais voici maintenant « Return to Memphis » qui vient rappeler Joey Molland au bon souvenir des fans de Badfinger et susciter l’intérêt des jeunes générations qui ne le connaissaient pas encore. Pour ce faire, et comme le nom l’indique, Joey Molland est allé se ressourcer dans la Mecque de la musique populaire américaine, la légendaire ville de Memphis.

Avec l’aide de Lester Snell (claviers), Steve Potts (batterie), Dave Smith (basse) et d’une section de quatre choristes féminines, Joey Molland a composé une dizaine de chansons d’un calme olympien et parcourues de chatoyantes touches west coast. Au rythme reposant et rassurant de « Walk out in the rain », « A love song », « Hero » ou « All I ever dreamed », Molland promène son auditoire dans un americana classique, comme seuls les vieux maîtres savent encore le faire. Sa guitare intervient fort à propos lorsqu’il s’agit de tresser de belles lignes mélodiques ou forcer un peu le ton, comme sur les plus rock ‘n’ roll « Frank and me » ou « All I need is love ». La voix trahit le nombre d’années du bonhomme mais elle reste toujours impeccablement en place, capable d’une belle intensité comme sur le final « Still I love you ».

« Return to Memphis » ne décevra pas les amateurs de chansons rock bien troussées selon un savoir-faire classique et sérieux. Avec ceci, Joey Molland démontre qu’il a encore de très bonnes idées et qu’il maîtrise toujours l’art délicat des belles compositions.

Pays: GB
Gonzo Multimedia
Sortie: 2013/12/02

Laisser un commentaire

Music In Belgium