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ACQUAINTANCES – Acquaintances

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La scène indie punk garage postcore américaine de Chicago ou de l’Arkansas dans les années 90, ça vous dit quelque chose ? The Ponys, Bare Mutants, The Poison Arrows, AtomBombPocketKnife, Chino Horde, Shake Ray Turbine… Non, rien ? Eh bien, ceux qui ne connaissent pas auront une chance de combler rapidement leurs lacunes en confiant leurs oreilles aux gens d’Acquaintances, un quintette dont les membres ont fait partie de tous les groupes précités à un moment ou à un autre.

Reprenons un peu dans l’ordre car c’est un peu compliqué. Chris Wilson était récemment de passage à Chicago pour assurer la batterie du groupe Ted Leo & the Pharmacists. Il retrouve son vieil ami Justin Sinkovitch, en congé des Poisons Arrows pour relancer le label Epitonic.com. Les deux hommes conviennent de former un groupe, bien que Chris Wilson réside à Philadelphie. Lorsqu’il s’agit de trouver un chanteur et second guitariste, Chris Wilson ne pense qu’à Stephen Schmidt, qu’il connaît depuis des lustres pour avoir débuté avec lui dans la scène hardcore de l’Arkansas sous l’égide du label File 13, Chris étant dans Shake Ray Turbine et Stephen jouant dans Chino Horde. Schmidt passe alors dans les rangs de Thumbnail, où il rencontre Justin Sinkovitch, ex-AtomBombPocketKnife. On est alors dans la seconde moitié des années 90 et depuis, Justin et Stephen gèrent ensemble le label File 13.

Ce petit noyau de vieux camarades contient donc un batteur (Chris Wilson) et deux guitaristes chanteurs. Cela ne les empêche pas de mettre dans le coup un troisième guitariste vocaliste, en la personne de Jered Gummere, un musicien de Chicago ayant trempé dans des groupes comme The Ponys, The Defilers ou Bare Mutants au début des années 2000. Gummere est également compositeur, ce qui ne gâche rien. Et le dernier larron de l’histoire est Patrick Morris, bassiste qui connaît Justin Sinkovitch pour avoir joué avec lui dans Poison Arrows (et accessoirement avec les mythiques postcoreux de Don Caballero au début des Nineties).

C’est donc quasiment à un super-groupe que nous avons affaire ici, rassemblant des personnalités de l’underground le plus profond de l’Amérique authentique, qui plus est en place depuis une bonne vingtaine d’années. Le résultat est Acquaintances, un nom qui est venu de la bonne entente entre les membres lors de la composition et l’enregistrement de l’album du même nom, laissé à la production de Carl Saff (qui vient de produire le premier album de Chelsea Light Moving, de l’ex-Sonic Youth Thurston Moore).

L’évocation de Sonic Youth est ici une transition toute trouvée pour parler de l’album « Acquaintances », qui contient onze titres aux forts remugles rappelant le groupe défunt de Thurston Moore et Kim Gordon, avec aussi un peu de Dinosaur Jr pour faire joli. La prise en main est impeccable avec « Paramounts » qui démarre le disque sous des sonorités heavy psych exhalant un chant post-punk. Batterie carrée, ondes bigarrées de guitares tantôt chatoyantes, tantôt hypnotiques : le ton est donné dès ce premier titre qui va en quelque sorte servir de diapason à la suite des événements. Le chant est partagé entre Jered Gummere (« Skin », l’excellent « Got it covered », « Ghosts »), Stephen Schmidt (« Paramounts », « This night is a trick », le puissant « Bachelor’s grove ») et Justin Sinkovitch qui imprime des vocaux très féminins aux cinq autres titres (« Learn to let it go », « She never sleeps », « Lower your expectations, increase your odds », « Say all the right things » et « Thinking we are done here »).

Le tout sait être planant et énergique, riche en guitare acide, ferme sur la rythmique et d’une grande cohérence, une cohérence telle qu’on a parfois un peu tendance à entendre le même morceau au long de l’album. Mais quand ça dépote et que ça sait envoyer le cerveau très haut dans la stratosphère, c’est loin d’être un mal. L’album est disponible en MP3 sur le site Epitonic.com, ainsi que sous forme vinyle avec version CD en bonus. Toutes les générations d’auditeurs s’y retrouveront donc avec ce sympathique album qui, selon l’expression consacrée, n’a pas inventé la poudre mais sait bien s’en servir.

Pays: US
Epitonic
Sortie: 2014/02/03

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