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VANGELIS – Direct

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Nous sautons quelques années et arrivons en 1988 pour l’écoute de l’album « Direct », cinquième album de Vangelis à paraître en réédition sur le label Esoteric Recordings. Comme les quatre précédents (« Heaven and hell », 1975 ; « Albedo 0.39 », 1976 ; « Spiral », 1977 et « Beaubourg », 1978), cet album est entièrement remastérisé sous la supervision de Vangelis lui-même.

On ne sait pas très bien ce qui a motivé le choix d’Esoteric de procéder à la sélection de ces albums et de faire un bond dans le temps entre 1978 et 1988. Durant ces dix années, Vangelis a bien sûr continué à enregistrer des albums, passant du label RCA à Polydor (les albums « China », « See you later », « Soil festivities » et « Mask », parus respectivement en 1979, 1980, 1984 et 1985), puis effectuant un crochet par Deutsche Grammophon (« Invisible connections », 1985) pour finalement atterrir chez Arista avec cet album « Direct » de 1988.

A l’époque, Vangelis a abandonné son studio londonien Nemo pour se relocaliser à Athènes, la ville de son pays natal où il a passé toute son enfance et adolescence. Cette première rupture est accompagnée d’un second changement de fond, avec le retour à des mélodies électroniques et progressives plus traditionnelles, après la trilogie foncièrement expérimentale des albums « Soil festivities », « Mask » et « Invisible connections » en 1984-85.

Comme de coutume, Vangelis agit seul, en composant et interprétant les douze morceaux de l’album, que ce soit aux synthétiseurs ou à la batterie électronique. Il baptise cet album « Direct » pour souligner sa méthode d’écriture, qui consiste à enregistrer directement les compositions qui jaillissent de l’esprit du musicien. Cette méthode sera poursuivie par Vangelis sur plusieurs de ses albums ultérieurs. « Direct » est également un des premiers disques à avoir recours au protocole de communication MIDI, qui permet l’échange de données entre instruments de musique électronique. Les photos du livret du CD montrant Vangelis entouré d’une dizaine de claviers illustrent bien ce que pouvait donner l’utilisation de ce système chez un musicien aussi friand de performances techniques novatrices.

La douzaine de morceaux qui s’étalent sur plus d’une heure fournissent une œuvre dense, se rapprochant des albums des années 70 comme « Albedo 0.39 » ou « Spiral ». En 1988, cette musique qui a fait les beaux jours du style électronique des Seventies commence à être un rien surannée. Le premier titre « The notion of the stars » a quelques relents de générique de journal télévisé. On s’attend à voir apparaître un présentateur en petit costume gris et au sourire impeccable nous annoncer de nouvelles augmentations d’impôts ou une énième catastrophe au Bengladesh. Néanmoins, au fil des écoutes, ce disque se laisse écouter, pour peu qu’on ait branché le logiciel Vangelis dans son oreille interne. Des incursions opératiques se font sur des morceaux comme « Glorianna » (avec intervention vocale de la mezzo-soprano grecque Markella Hatziano) ou « Message », qui déploie une grandiloquence toute verdienne ou puccinienne.

Entre les classiques des années 70 et les albums plus complexes, « Direct » se fraie un passage qui lui permet d’être agréable à l’oreille et même de servir d’introduction pas encore trop rébarbative à la musique de Vangelis.

Pays: GR
Esoteric Recordings ECLEC 2425
Sortie: 2013/11/25 (réédition, original 1988)

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