TURNER, Joe Lynn – The Usual Suspects
Né en 1951, Joe Lynn Turner a derrière lui 30 ans de carrière et a participé à une cinquantaine d’albums. Il a joué avec Rainbow, Yngwie Malmsteen et Deep Purple. Cet album, son neuvième en solo, lui rappelle l’époque Rainbow, dit-il.
La musique jouée est un prétexte pour mettre en valeur sa voix, proche de celle de Ian Gillan. Il est accompagné ici par les guitares de Karl Cochran (Ace Frehley) et Al Pitrelli (Megadeth), la basse de David Z (David Z’s Beat Bank), la batterie de John O’Reilly (Rainbow), les claviers de Paul Morris (Rainbow) et Andy Burton (Grace Pool) et les chœurs de Nancy Bender.
« Power Of Love » est un hard rock parfait. Roulements de guitares, riffs puissants, rythmique agressive, batterie inlassablement martelée, voix qui surnage au milieu de ce déferlement, tous les ingrédients du genre sont présents.
« Devil’s Door » continue dans la note et « Jack Knife » achève le travail. On est en présence d’une mise en évidence de la voix perçante de Joe Lynn Turner, qui ne manque pas d’atouts. Les guitares ont pris le TGV et tentent de battre le record du monde de vitesse pure. Tel Ian Gillan, Joe Lynn Turner se laisse aller à une brillante démonstration de son talent. La ressemblance entre leurs voix respectives n’a jamais été aussi criante.
D’une approche très nuancée, « Really Loved » est le meilleur titre de l’album. Voix et musiciens se mettent au service d’une mélodie imparable et montrent l’étendue de leur talent. Ils ne sont pas seulement des musiciens qui jouent très vite, ils savent aussi chanter et jouer bien.
Tout en contraste avec les morceaux hard mais sur un mid tempo assez musclé, « Rest Of My Life » est aussi un morceau assez mélodieux qui montre bien la diversité des aptitudes des musiciens. La batterie y est bien mise en exergue et s’acquitte de sa tâche avec brio.
« Into The Fire » renoue avec le hard rock pur et dur assuré par une rythmique vitaminée. La voix de Turner est parfaitement en place et surplombe le tout avec l’aplomb de celui qui sait ce qu’on lui doit. Les soli de guitares sont parfaits dans le genre, entre Deep Purple et Rainbow.
Moins convaincant, « Blood Money » apporte un peu de répit par son rythme moins rapide mais tout aussi appuyé. La voix s’émousse un peu sur ce titre, c’est bien normal : on ne peut pas rester indéfiniment au top.
« All Alone » est un autre morceau mélodique nuancé qui ressort du lot. La voix de Joe Lynn Turner est utilisée avec beaucoup de discernement. A n’en pas douter, il sait moduler sa voix en fonction du genre du morceau.
John O’Reilly adapte aussi sa façon de frapper à la batterie sur « Ball And Chain ». Bien soutenu par la basse de David Z, il livre une prestation tout en nuance à l’inverse de Turner qui gueule littéralement ses lyrics. Karl Cochran et Al Pitrelli y vont d’un dialogue de guitares qui rend sourd (!). Pitié pour nos pauvres oreilles.
Au contraire, « Live And Love Again » amène un peu de sérénité. Joe Lynn varie ses effets de voix et illustre parfaitement toutes les possibilités de celle-ci. Dommage que le morceau, un peu faible mais qui remplit son rôle, ne soit pas à la hauteur de ses ambitions.
Enfin, « Unfinished Business » est un hard rock qui laisse une grande place aux claviers, cette fois. Le rythme imprimé par la section rythmique est irréprochable de justesse. Les guitares se mettent au diapason pour nous offrir une coda qui fait oublier les petites imperfections relevées ci-dessus. Quant à Turner, il finit comme il a commencé : en force.
Pays: US
Frontiers Records / Rough Trade FR CD 230
Sortie: 2005/02/21