DAS SIMPLE – In girum imus nocte
Les Marseillais de Das Simple nous avaient bien impressionnés avec leur premier album « Das Simple« sorti il y a deux ans. Ce jeune groupe postcore avait montré une indéniable maestria à manier des concepts lourds de conséquences, entre progressif post-moderne déviant et furie métallique avant-gardiste.
Bonne nouvelle, Julius (basse et hurlements), Arnalux (guitares) et Z (batterie) reviennent aux affaires avec un deuxième album qui ne cède en rien à la qualité et l’imagination du premier. On peut ici compter à plein sur l’adaptabilité des espèces et leur évolution en constatant que Das Simple a mûri, s’est amélioré et a trouvé de nouvelles idées, toujours aussi pertinentes et excitantes. La scène a dû leur faire grand bien, d’autant plus qu’ils ont eu l’occasion de tourner avec le groupe français qui doit le plus compter dans leurs influences : Magma. Ajoutons également des concerts avec Blurt, Guns Of Brixton ou le projet Body/Head de l’ex-Sonic Youth Kim Gordon et on obtient un Das Simple armé de son brevet de première classe dans la catégorie des groupes capables de faire face à tout.
Le nouvel album s’appelle « In girum imus nocte » et s’inspire d’une formule de l’écrivain Guy Debord qui, pour être tout à fait complet, est « In girum imus nocte et consumimur igni » (Nous tournons en rond dans la nuit et sommes dévorés par le feu). « Et consumimur igni » est d’ailleurs le deuxième morceau de l’album, qui fait suite au premier « In girum imus nocte ». Et fins lettrés, en plus : les gens de Das Simple savent décidément tout faire.
Ici, le trio (ils étaient quatre sur le premier album avec un certain R. Kalifa qui est parti mais qui signe néanmoins les paroles de la première chanson « In girum imus nocte ») élabore des titres plus construits, plus cohérents et surtout plus longs que sur le premier album. On se retrouve face à cinq morceaux oscillant de sept à douze minutes, ce qui laisse le temps de développer des ambiances alambiquées et chargées de mosaïques de sons et de rythmes.
Le groupe se livre ainsi à un assemblage que l’on pourrait grossièrement résumer comme la rencontre de King Crimson et The Dillinger Escape Plan. Autant dire que ça vole très haut et que ça bastonne très fort. Chaque morceau réserve son lot de sensations fortes, comme ces cavalcades speedées de « Tales of the galactic serpent – part 3 » qui se heurtent à des murs de basse lente qui viennent casser les rythmiques, ou cet invraisemblable montage d’un voile de guitares sifflant comme des sirènes qui annonce le colossal « Cages », douze minutes de rythmiques tribales et menaçantes affrontant des guitares griffues et crispantes. Notons aussi le titre délirant de « Quand la Chine s’éveillera dans ton cul, ça fera toujours moins mal que l’Afrique », traité de géopolitique hardcore qui vous place un hachoir guitaristique entre les yeux.
L’humour n’est donc pas exempt de cette œuvre forte, puissante, qui révèle des secrets supplémentaires à chaque nouvelle écoute. Quelqu’un du label du groupe a trouvé des expressions que j’aurais aimé avoir trouvé moi-même, en parlant de « Capharnaüm noise rock » et d’ »arche de Noé de morceaux chimériques ». Ces formules résument parfaitement l’album de Das Simple : ne cherchez pas à comprendre et laissez-vous emporter par leur musique ébouriffante et tourmentée.
Pays: FR
En Veux-Tu? En V’là !
Sortie: 2013/10/15