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MONSTER MAGNET – Last patrol

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Après avoir dangereusement overdosé en 2006, Dave Wyndorf, chanteur historique de Monster Magnet, semblait condamné à retomber dans le gouffre de l’oubli, lui qui avait failli tutoyer le succès mondial avec ses albums « Powertrip » (1998), « God says no » (2000) et « Monolithic baby » (2004). Revenu miraculeusement à la vie, Dave Wyndorf a remonté patiemment la pente et son groupe l’a suivi fidèlement, remettant petit à petit Monster Magnet sur les rails avec les albums « 4-way diablo » (2008) et « Mastermind » (2010).

Il aurait été dommage que l’un des tout premiers groupes à avoir établi les bases du stoner rock au début des années 90 disparaisse par la petite porte ou se trouve irrémédiablement condamné à la deuxième division. Monster Magnet affiche en effet une carrière qui approche maintenant le quart de siècle et tous les stoneux qui jouent dans leur cave ou vendent des albums doivent quelque chose à ce groupe, résurrectionniste des riffs opiacés et spatiaux des années 70, entre Black Sabbath, Hawkwind, Budgie ou Mountain. On n’insistera donc pas trop, car tout le monde en est conscient, sur la nécessité vitale de posséder dans sa discothèque les albums « Spine of God » (1991), « Superjudge » (1993) ou « Dopes to infinity » (1995), qui complètent la liste des albums cités plus haut et qui font partie des classiques incontournables du gang de Dave Wyndorf. « Spine of God » avait d’ailleurs fait l’objet l’an dernier d’une tournée spéciale de Monster Magnet qui était venu jouer l’intégrale du disque devant les foules ébahies. Ceux qui étaient à l’Ancienne Belgique en décembre dernier s’en souviennent encore.

Aujourd’hui, c’est un nouvel album, le neuvième de la dynastie, qui s’ajoute au palmarès de Monster Magnet. Deux grandes interrogations s’imposaient d’office. D’abord, ce disque allait-il reconstruire définitivement la réputation du groupe, après deux albums post-overdose sympathiques mais peu concurrentiels envers leurs prédécesseurs ? Ensuite, qu’allait donc donner le Monster Magnet amputé de son guitariste fondamental Ed Mundell, en place depuis 1992 et démissionnaire en 2010 ?

Ces questions angoissées sont levées à l’écoute de ce « Last patrol », qui se pose comme un des meilleurs albums de Monster Magnet depuis au moins « Powertrip ». Dave Wyndorf est totalement rétabli de ses soucis de santé et son groupe affiche la forme des grands jours. Autour de Wyndorf (chant et guitare), Phil Cavaino (basse), Bob Pantella (batterie) et Garrett Sweeney (guitare) servent avec brio les chansons toutes écrites par le patron, à l’exception de la reprise de Donovan, « Three kingfishers ».

La galette nous propose neuf titres, plus deux de rabiot en ce qui concerne l’édition de luxe. Je ne saurais trop conseiller l’acquisition de cette dernière, car les deux titres supplémentaires n’ont rien du bouche-trou et cartonnent même plutôt efficacement (« Strobe light beatdown » hyper-électrique, « One dead Moon » plus aérien). Les autres morceaux sont tout aussi savoureux. Après une petite mise en jambes taquinant le crescendo subtil (« I live behind the clouds »), Dave Wyndorf et ses sbires lâchent le premier monument de l’album, un « Last patrol » de neuf minutes qui décoche dans sa seconde moitié une structure rythmique impériale, tout en turbo-propulsion space rock et en lignes de basse savamment travaillées. Le deuxième monument est « End of time », cavalcade électrique de huit minutes qui marque la fin du disque du sceau de la grandeur.

Entre les deux, la reprise magnifique du « Three kingfishers » de Donovan, entre mélodies médiévales et sitar oriental, le tranquille et séduisant « Paradise », un « Hallelujah » fêtard et pétaradant, un « Mindless ones » solidement boulonné, un « The duke of supernature » folkysant et un « Stay tuned » qui termine l’album tout en douceur.

Les ambiances sont variées, la production est impeccable, les textes de Dave Wyndorf affichent force et maturité et les solos de guitare véloces et féroces placent l’auditeur en orbite géostationnaire. Nous avons là du grand Monster Magnet, au style et aux sonorités typiques, de quoi imaginer avec plaisir ce que cela pourrait donner en concert. Et du concert de Monster Magnet, il en sera question le 12 février 2014 à l’Ancienne Belgique de Bruxelles. Tous à vos combinaisons spatiales !

Pays: US
Napalm Records
Sortie: 2013/10/15

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