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TROUT, Walter – Deep Trout

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Walter Trout a joué avec John Mayall pendant cinq ans. Ce dernier est une référence reconnue car il n’a jamais engagé de manchot. Il a également fait partie de Canned Heat de 1981 à 1985, quand il a remplacé Bob Hite. On sait que le groupe en question a payé un lourd tribut à la drogue. Ce qu’il a fait avec Canned Heat est aux antipodes de ce qu’il a fait avec John Mayall’s Bluesbreakers et cela lui a procuré une expérience supplémentaire.

Pour le reste, il a joué avec John Lee Hooker et Big Mama Thornton, pour ne citer que les plus importants. Il a ensuite mené une carrière solo. Très apprécié en Europe, il se partage entre deux continents. Il se partage aussi entre jouer de la guitare et composer des chansons. Cette compilation a le mérite de bien montrer les deux aspects du personnage et elle comporte aussi quelques inédits.

« Put It Right Back », enregistré en 1995 à Los Angeles, est un blues rock classique extrait de l’album « Breakin’ The Rules ». Walter Trout y démontre tout son talent de compositeur, de guitariste, d’harmoniciste et de chanteur. Dans ses longues envolées lyriques, il est secondé par James Trapp à la basse, Bernard Pershey à la batterie et Martin Gershwitz aux claviers.

« The Love That We Once Knew » est celui qui devrait faire l’unanimité. Sa voix y fait merveille et son phrasé empreint de feeling crée l’émotion. C’est par ce merveilleux morceau qu’il faudrait aborder l’oeuvre de Walter Trout car c’est sans doute le morceau le plus nuancé et le plus mélodieux de ceux qu’il a créés. Il est extrait de l’album « Prisoner Of A Dream », enregistré en direct à Copenhague en 1990. Il y est accompagné par James Trapp (basse), Daniel « Mongo » Abrams (Hammond B3) et Klas Anderhell (batterie).

« How Much Do You Want », également extrait de l’album « Breakin’ The Rules », également composé par Walter Trout, est un blues joué avec beaucoup de conviction. Bien soutenue par une section rythmique qu’il connaît bien, la technique de Trout y est bien illustrée et mise en valeur. A l’harmonica, et c’est un euphémisme, il ne se défend pas mal non plus.

Sur la composition du bassiste James Trapp, qui se hasarde pour la première fois dans les lyrics, « Sweet As A Flower », extrait de l’album « Prisoner Of A Dream », où l’on note la présence d’un orgue un peu envahissant, on peut faire connaissance avec les arpèges du bonhomme à la guitare. On se rend compte alors de la pertinence du jugement de John Mayall.

Composé par Walter Trout, James Trapp et Daniel Abrams, « Victor The Cajun », extrait du même album, est un blues rock orné d’une section de cuivres qui rend ce titre plus jazzy. Est-ce heureux ? Pas nécessairement. Le jeu de guitare occupe quand même le haut du pavé.

« Kill The Monkey », extrait de l’album « Transition », se déroule sur un blues rock dont le rythme est martelé sans ménagement par la batterie de Bernard Pershey. A part lui, le line-up est le même que sur les deux morceaux précédents. Pour information, Transition est un centre de réhabilitation pour drogués et la chanson parle de la pollution. Qui est le singe ?

Egalement extrait de « Prisoner Of A Dream », la pièce maîtresse de cette compile, composé par Walter Trout, « Earrings On The Table », assez court, est une ballade plus douce qui n’a pas grand-chose à voir avec le blues. Il est néanmoins interprété avec beaucoup de feeling, seulement accompagné par la guitare acoustique.

Mélange de blues et de jazz, « Fast Moving Traffic », composé par Walter Trout, Marie B. Trout et Bernard Pershey, extrait de l’album « Transition », est un morceau surprenant au début. Un jeu de batterie dévastateur couvre les effets spéciaux. C’est aussi plus jazzy mais l’aspect blues rock réapparaît assez rapidement. Le groupe est le même que sur « Kill The Monkey », qui lui-même … A noter les paroles composées par sa femme, Marie Trout, une danoise. Elle compare les frustrations de la tentative d’échapper à la drogue à la déception causée par un amour impossible et cela donne au morceau une grande intensité. Manifestement, dans les deux cas, elle sait de quoi elle parle.

Composé par Robert Johnson, « Love In Vain », également extrait de « Prisoner Of A Dream », a été interprété par les Rolling Stones sur leur album « Let It Bleed » (1969). Walter Trout en donne ici une interprétation très personnelle et nuancée qui n’a rien à voir avec celle des pierres qui roulent.

Le blues rock « Motivation Of Love », extrait de l’album « Transition », est aussi une brillante démonstration de son savoir-faire comme guitariste mais aussi de son talent d’interprète. Le dialogue entre la guitare et l’orgue Hammond est de toute beauté.

Enregistré en direct au Danemark, au Skanderborg Festival, en 1992, « If You Just Try », extrait de l’album « No More Fish Jokes », est un blues électrique destiné à montrer la virtuosité de Trout. On peut y entendre aussi la richesse de son interprétation vocale irréprochable. Il est accompagné par James Trapp à la basse, Daniel « Mongo » Abrams à l’orgue Hammond B3 et par Frank Cotinola (Funky Kings, The Missiles Of October), discret mais efficace à la batterie.

« Muddy Waters », dernier extrait du fantastique album « Prisoner Of A Dream », est un hommage au maître et Trout y met tout son cœur, comme pour faire pardonner ses compatriotes. Celui-là a marqué son époque comme personne mais est connu grâce aux Anglais. Par manque de succès en Amérique, il était devenu peintre en bâtiment. C’est l’enregistrement d’une jam en studio. Jim Jackson a composé les paroles dans les années 20 mais elles ont été adaptées par Muddy Waters. Jimi Hendrix l’a transformé pour en faire la base de « Voodoo Chile ». C’est cette version qui est jouée ici.

Viennent ensuite les inédits. « Life In The Jungle » est un magnifique morceau acoustique qui montre une autre facette du musicien, beaucoup plus subtile et riche. Son jeu arpégé notamment est remarquable et sa voix surprenante.

« Big Chain », extrait de l’album de Freebo, est un morceau assez déroutant. L’emploi de l’orgue lui donne un côté majestueux mais c’est surtout la rythmique qui est irrésistible. Freebo chante et joue de la basse, Michael Jochum de la batterie et des percussions, les deux de façon remarquable. Marty Walsh tient la guitare rythmique, de même que Oliver Lieber, pendant que Mark T. Jordan joue du Hammond B3 et du piano électrique. Walter Trout transcende le tout à la lead guitar. Remarquable titre, très varié, un des meilleurs de l’album.

Blues lent, « So Sad To Be Lonely », enregistré en direct dans le New Jersey en 1972, est une fin rêvée pour un album. Ici aussi, le jeu de guitare très torturé se déroule tout en subtilité et en virtuosité. On n’essaie pas de jouer plus vite que son ombre mais de jouer juste. Walter Trout chante et joue de la guitare, Marty Herman des claviers, Jesse Pena de la basse et Ed Bilski de la batterie.

En tout, 78 minutes de plaisir varié. Pour ceux qui aiment le blues rock ou veulent le découvrir, c’est une aubaine. Il existe aussi une version limitée avec bonus CD, qui comprend une interview d’une heure sur Arrow Rock Radio. Avis aux collectionneurs.

Pays: US
Provogue Records PRD 7149 2
Sortie: 2005/01/31

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