VARELA, Didier – Gonflé à bloc
Ce disque est l’histoire d’une petit Toulousain qui découvre le rock ‘n’ roll à treize ans et qui depuis ne s’en est jamais remis. Didier Varela entre en rock comme certains entrent en religion. Et durant les trente années qui ont suivi, il s’est livré sans retenue à la musique, la scène, les groupes, les tournées, etc.
Vous n’avez pas entendu parler de lui, vous n’avez pas vu son nom à la une des journaux ou à l’affiche des stades. Didier Varela a en effet été discret jusqu’à présent, menant une vie rock dans les confins du Sud-Ouest de la France, notamment à Montpellier. À la fin des années 80 et durant les années 90, on le trouve dans des combos appelés Interphase, puis Signal Rock qui devient les Ratons Laveurs, puis les Etres Humains, animés par un certain Georges Nounou. Là, Didier Varela fait ses armes de guitariste sur quatre albums entre 1992 et 2002.
Avec Venus Lips au milieu des années 90, Didier Varela sillonne la France et les pays voisins. Son groupe connaît son heure de gloire en ouvrant pour Metallica, Lynyrd Skynyrd, Joan Jett ou Calvin Russell. La carrière de Venus Lips se conclue sur l’album « Rock & roll fiesta », paru en 1995. Varela élargit son champ musical en s’associant avec l’ex-Etres Humains Frédéric Temset, avec qui il joue un répertoire de chanson française déclinée sur des mélodies country ou manouche.
Formé à la production et aussi curieux de musique africaine, Didier Varela a enfin l’occasion de sortir son premier album solo, qui marque un retour à ses premières amours rock ‘n’ roll. Ce « Gonflé à bloc » porte bien son nom puisque le bon Didier déroule sur treize titres un florilège rock percutant, émouvant ou chatoyant. On a du mal à comprendre le conservatoire de Montpellier qui l’a viré parce qu’il ne voyait pas en lui un musicien talentueux. Les têtes d’œuf du conservatoire n’ont pas oublié d’être cons sur ce coup car Didier Varela est en fait un gratteux impeccable, peut-être pas pour jouer du Schubert mais dans le rock ‘n’ roll, c’est un petit maître. Son style rugueux et rapide sied parfaitement à des morceaux costauds comme « Rock ‘n’ roll », la reprise des « Roadrunner » de Bo Diddley, « Let me be your driver » de Chuck Berry, « Sitting on the top of the world » des Mississippi Sheiks ou son « Remonté à bloc » qui lance dans les oreilles un boogie tronçonneur.
Didier Varela a fabriqué son album entièrement de ses propres mains. Il a tout écrit, joué de tous les instruments, produit et mixé lui-même sa galette qui retrouve l’esprit du rock et du blues français à la Paul Personne, Bill Deraime, Little Bob Story, Téléphone et même Charlélie Couture. Côté paroles, Varela est plutôt pertinent quand il dénonce les errances de l’humanité qui pollue (« C’en est trop »), qui expulse l’autre (« Ma France à moi ») ou qui s’enferme dans la routine du quotidien (« Le rythme (garde-le) »). La séquence émotion est tenue par un « Aline (de là-haut) » qui rend hommage à une chère disparue et un « Tiens bon » plein d’espoir. C’est vrai que quand Didier Varela nous dit de tenir bon car la route n’est pas si longue, ça réchauffe le cœur et ça donne envie de remonter les manches pour en remettre encore un grand coup.
C’est donc une jolie surprise que nous fait cet illustre inconnu avec ce premier album de bon gros rock classique plein de verve et de malice. Le disque est sorti sous forme physique en janvier dernier et sa version numérique sera disponible en novembre sur les principaux sites de téléchargement. À vos souris !
Pays: FR
Chuckers Production
Sortie: 2013