KINGS OF LEON – Aha Shake Heartbreak
Formé à Nashville en 2000, le groupe se compose des trois frères Followill : Caleb, guitare, chant, Nathan, batterie, et Jared, basse. Leur cousin Matthew, guitare, est rapidement intégré au groupe. Ethan Johns, le producteur, joue du piano et des synthés. Leur musique est un southern garage rock de qualité. Les morceaux sont en général assez courts et accrochent assez rapidement.
« Slow Night, So Long » est de la veine de ce que font les White Stripes. Nathan Followill imprime un rythme endiablé au morceau. La voix de Caleb Followill, très bizarre, comme enrouée, fait le reste. Cela devient beaucoup plus doux à la fin.
Très court, « King Of The Rodeo » est tout à fait spécial aussi. La voix martèle les mots. La rythmique, excellente, vient à point nommé pour soutenir un ensemble très saccadé. La façon qu’a Jared Followill de jouer de la basse est plutôt spéciale.
Toujours conduit par la voix éraillée, « Taper Jean Girl » est plutôt atypique par son rythme et son phrasé, mais le sound se distingue par sa qualité. On sent que les guitares disposent d’un grand degré de liberté et elles ne s’en privent pas.
Plus rock, « Pistol Of Fire » est enlevé sur un rythme échevelé conduit par la guitare. Les mots égrenés comme des onomatopées par Caleb Followill donnent un cachet particulier à ce morceau très southern rock. La partie consacrée aux guitares est de toute beauté.
Sur « Milk », instrumental au début, c’est plutôt un sirop contre la toux que l’on a envie de prêter au chanteur. Ceci dit, il est pour beaucoup dans le style du groupe et son chant, malgré cette sorte de handicap, est un des points forts du CD. La musique, très originale, se laisse écouter avec beaucoup de plaisir. Spécial et excellent !
Le titre suivant, « The Bucket », est sans doute le plus immédiat et le plus facile à retenir. C’est sans doute aussi le meilleur. On ne s’embarrasse pas de fioritures et on pratique un southern rock bien carré. La guitare est bien jouée, pas trop envahissante pour un titre de cette trempe. Excellent !
La basse bien mise en évidence, « Soft » se doit d’être plus nuancé. C’est en effet le cas mais de nouveau, la voix, presque parlée, brouille les pistes et la basse revient en force, toujours jouée dans un style à nul autre pareil. Les changements de rythme sont monnaie courante et donnent à ce morceau une versatilité à toute épreuve. Le chant de Caleb Followill n’a vraiment rien de soft.
Très court, « Razz », sorti en simple dans une autre version, comporte un rythme syncopé et saccadé. La basse somptueuse est toujours là pour marquer le tempo à contretemps et la batterie se met au diapason. Le départ très lent de « Day Old Blues », sur le plan instrumental puis sur le plan vocal, débouche assez rapidement sur une déformation complète des mots et sur un break. La répétition de Day Old suivi de Blues asséné à la fin tombe comme une sorte de récompense. Bizarre.
Sur « Four Kicks », ce sont les guitares qui font la loi. La voix de Caleb Followill déforme toujours autant les mots, ce qui constitue la marque de fabrique du combo, en quelque sorte. Tout aussi échevelé, « Velvet Snow » termine l’album en apothéose. L’énergie déployée par ces fils de pasteur est belle à voir. La vie austère semble leur avoir réussi et elle leur a donné une belle santé et de l’énergie à revendre.
Un peu pompeux, « Rememo » est martelé à satiété et le chant rythmé par la batterie semble figé dans un mouvement de balancier seulement troublé par les accents des guitares. Les percussions finales sont fabuleuses.
Un son, une musique qui régénère, des paroles intelligentes bien qu’un peu hermétiques, cet album est une réussite totale.
Pays: US
RCA/BMG 82876 64744 2
Sortie: 2004/09/13