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GENERALS JACK (Les) – Small Talk, Space Message

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Tout commence par une erreur grammaticale : un général, des généraux, nous dit « Le Bon Usage » de Grévisse / Goosse. Pas pour les Belges de Les Générals Jack, qui comprennent Marc Bodart (Buttnaked), guitare, voix, Bart Ieven, guitare, voix, et Toon Derison (El Fish), batterie. Si vous préférez, vous pouvez les appeler « General Shoelace », « General Rock ‘n’ Roll Froggy » et « General Impatients », avec un s.

Ils font une musique basée sur le funk des seventies, la roots music, le jazz, le rock et le blues mais ils transforment cet amalgame à leur façon. Ils n’engendrent pas la mélancolie et ne semblent pas du tout se prendre au sérieux. Cela ne les empêche pas de faire de la bonne musique.

C’est par une sirène que commence « Burn Baby Burn », qui se déroule ensuite sur un rythme funk répétitif. Si c’est destiné à mieux faire passer le message, c’est gagné. Si c’est pour taper sur les nerfs de ceux qui n’aiment pas le funk, c’est réussi aussi. La voix est bien adaptée à cette musique et la ponctue, en quelque sorte. Les riffs de guitare sont omniprésents et pas piqués des vers. La sirène, elle, revient vers la fin, comme pour nous dire au revoir.

Basé sur des accords de guitare pernicieux, « Hairs In A Tangle » est lui aussi répétitif. Les phrases sont scandées par lots et accompagnées de riffs de guitare hypnotiques censés renforcer le propos. Cette rythmique efficace laisse sans réaction et étoffe le thème musical du morceau. A chaque changement de rythme, c’est un autre climat qui se pointe.

C’est sur un rythme qui rappelle le reggae que commence « Seven Four », très beau morceau rythmé par la basse, qui n’est mentionnée nulle part sur cet embryon de livret. Cela vire assez rapidement vers le blues tout en gardant une connotation reggae. Le changement de rythme brouille les pistes. Il est bien difficile de dire qui fait quoi. C’est néanmoins un des meilleurs titres de cet album.

Assez majestueux, sur un tempo un peu pompier mais sur un ton bien plus enjoué, « Packed Up My Things » est rythmé par les riffs de la guitare électrique et par la guitare acoustique. Le solo de guitare est excellent. Cette musique qui ne se prend pas au sérieux se déroule sur fond de bonne humeur à toute épreuve.

« Long Way Home » n’a qu’un très lointain rapport avec le blues. Le chant fait penser à un message publicitaire émis depuis les Caraïbes. Les changements de rythme évoquent les différents états d’âme de la chanson. On passe de la joie de vivre à la joie tout court. Pas de mélancolie malsaine qui vous plomberait les « parties » et les guindailles les mieux arrosées. Allez, cul sec !

Contrairement à ce que le titre indique, « Mean Old Mambo » est sans doute le seul vrai blues de l’album. Un comble ! Les guitares rutilantes s’esbaudissent, le chant se hisse à la hauteur des espérances, le rythme se tasse comme à plaisir sous l’impulsion des râpes. Le thème musical revient comme un leitmotiv qui s’apparente à la méthode Coué. Pourtant, ce morceau est une vraie réussite ! On dirait presque Mungo Jerry, tant sur le plan vocal que sur le plan instrumental.

« Honest Man » est aussi un blues adapté à la sauce Les Générals Jack. Le rythme syncopé ne se prête pas à la nostalgie et le jeu des musiciens s’en ressent. Cette musique difficile à définir leur va comme un gant et en toutes circonstances, ils tirent leur épingle du jeu.

Plus blues adapté à la sauce Les Générals Jack, « Dry Eyes » montre la basse sous son meilleur jour. Les guitares sont sollicitées et s’en tirent avec les honneurs, arpèges à la clé. Quant à la voix, elle n’a jamais été meilleure que sur ce titre.

Sur un tempo un peu plus lent, « Tiger » est un blues magnifique sublimé par la slide impériale qui agrémente le thème musical. Blues adapté façon LGJ, bien sûr. Ils ne font rien comme tout le monde. Ainsi, il faut prêter l’oreille pour entendre les paroles à la fin.

« Hole In My Soul » est aussi un morceau atypique où les trois compères ont l’air de prendre ça avec du recul, l’air de dire : « Tout ça n’est pas grave. Le plaisir d’abord ! ». Et on en éprouve, du plaisir, avec eux.

Bien introduit par les tambours de Toon Derison, « Rising Sun » est un autre blues qui met en valeur la guitare et la basse, de nouveau. Bien rythmé sans écraser le jeu des musiciens, le morceau se termine de façon abrupte, histoire de dire : « Vous serez dérouté jusqu’à la fin. »

Ce CD atypique, melting-pot d’influences et de rythmes divers, montre l’étendue du savoir-faire des trois lascars. Parsemé de morceaux très variés, il devrait intéresser les amateurs de musique difficile à classer, où tout est dans le feeling. Cela n’exclut pas la technique ni la bonne humeur. Du blues joyeux, en quelque sorte. Ils seront au Blues Festival de Vilvoorde le 26 juin 2005.

Pays: BE
NakedProductions NP002
Sortie: 2004/04

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