I KNOW YOU WELL MISS CLARA – Chapter one
Nous voici de retour en Indonésie, où l’on continue de s’extasier sur la scène jazz rock progressive locale. Après simakDialog et leur sixième album, voici maintenant I Know You Well Miss Clara, un jeune groupe de Djakarta qui sort son premier album, logiquement appelé « Chapter One ».
Formé en 2010 autour de Reza Ryan (guitare), Adi Wijaya (claviers), Enriko Gultom (basse) et Alfiah Akbar (batterie), I Know You Well Miss Clara ne se contente pas uniquement de concourir pour le titre du nom de groupe le plus long, il réalise ici un premier effort impressionnant dans une veine jazz rock et progressive qui rend hommage aux ancêtres Soft Machine, Focus, Matching Mole ou Mahavishnu Orchestra, Miles Davis et Ornette Coleman.
Autant dire que le quartette se fixe des objectifs ambitieux mais ce qu’il y a de bien avec cette histoire, c’est qu’il parvient à remplir ces objectifs et même à capitaliser suffisamment de confiance pour faire miroiter aux auditeurs une suite intéressante à ses premiers pas discographiques. Le grand atout du groupe est de construire avec aisance et conviction des ambiances sombres et mystérieuses qui tiennent l’auditeur en haleine. Très peu des sept titres de l’album sont inférieurs à huit minutes (deux, en fait) et trois d’entre eux dépassent les dix minutes pour venir même flirter avec le quart d’heure pour ce qui est de « Reverie # 2 ».
Il y a incontestablement ici une domination de la guitare et des claviers. L’habile et costaud Reza Ryan croise en permanence le fer avec son collègue Adi Wijaya et les deux montent des murs instrumentaux impressionnants, effectivement proches du grand John McLaughlin et son Mahavishnu Orchestra. On reste particulièrement attentif aux excellents « Open the door, see the ground », premier morceau de l’album, à « Pop sick love carousel » et aux paysages sonores variés de « Reverie # 2 ».
Avec un certain mordant et une science consommée de la mise en place d’ambiances évocatrices, I Know You Well Miss Clara retrouve les racines véritables du jazz rock progressif européen des années 70. À l’heure où le monde occidental ne sait plus quoi inventer en matière de rock, l’Asie reprendrait-elle le flambeau ?
Pays: ID
Moon June Records
Sortie: 2013