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PINKISH BLACK – Razed to the ground

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Le monde du rock gothique pas drôle et neurasthénique s’enrichit ces temps-ci d’une nouvelle formation : Pinkish Black. Ce duo texan formé à Fort Worth s’y connaît un peu en tristesse. La première mouture du groupe, un trio nommé The Great Tyrant (auteur d’un album assez expérimental, « There’s a man in the house », sorti en 2011) est subitement réduit à deux après la mort tragique du bassiste Tommy Atkins. Les deux membres survivants, Jon Teague (batterie) et Daron Beck (chant et synthétiseurs) soignent leur chagrin en accentuant encore plus les aspects macabres de leur musique.

C’est ainsi que naît Pinkish Black, duo qui rejoint la mode courante des groupes à deux (White Stripes, Black Keys, The Kills, Black Box Revelation…) mais qui s’en distingue avec un style s’étendant du postcore au post-punk, le tout avec une forte empreinte gothique et une atmosphère doom lourde et rêveuse. La voix d’outre-tombe de Daron Beck flotte sur des nappes poisseuses de synthés, rythmées par une batterie de galérien.

Pinkish black sort un premier album éponyme en 2012, sur le petit label Handmade Birds. La presse locale est attirée par cette virulence somnolente, cette rage sourde qui suinte de cet album gothique et funéraire. Le bouche-à-oreille fait entrer le label Century Media dans la danse, avec à la clé une signature ouvrant la voie à la parution du successeur « Razed to the ground ». Teague et Beck maintiennent ici un cap lourd et triste, au cours de sept titres qui ont l’excellente idée d’instaurer un crescendo et des atmosphères qui accaparent peu à peu l’auditeur.

On commence dans les nuages sonores éthérés de l’introduction « She left him red », qui semble annoncer l’arrivée d’une escouade paramilitaire alien, sautant des hélicoptères intersidéraux et aplatissant tout sous un déluge de décibels hantés. Cette mise en jambes fixe tout de suite les règles qui vont structurer l’album : une grandiloquence triste et gluante vous attend à chaque coin de morceau. « Ashtray eyes » reprend la même sorte d’introduction, lente et cosmique, pour une mise en place qui prend près de trois minutes. Le chant, froid et distant, paraît enfin pour achever un titre lunaire et romantique, proche de ce que faisait Type O Negative, par exemple. « Kites and Vultures » est plus animé, dans une veine Prong ou KMFDM. À partir de là, l’auditeur a adhéré à la cause et se laisse secouer par des cascades de riffs énormes sortis des claviers (« Razed to the ground ») ou des promenades glacées scintillant sous un piano lugubre (« Bad dreamer »). Ne négligeons pas non plus le mariage terrifiant de Nick Cave, Danzig et Iggy Pop sur le sismique « Rise » ainsi que le final « Loss of feeling of loss » qui résume tout l’art de Pinkish Black. On est ici dans une lente montée vers un paroxysme gothique et postcore, tout en martèlement de batterie et en épaisseur rauque des claviers.

Voici donc un album très bien exécuté qui ralliera sous sa bannière tous les amateurs de doom gothique ou de postcore dépressif. Il ne fait aucun doute que Pinkish Black présente ici un début de carrière très encourageant.

Pays: US
Century Media
Sortie: 2013/09/17

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