TIGRAN – Shadow Theater
Tigran Hamasyan est un jeune pianiste né en Arménie en 1987. À 16 ans, il débarque avec ses parents à Los Angeles. Il est déjà à cette époque un pianiste chevronné (il a commencé à trois ans) et un habitué des scènes (il a débuté ses premiers festivals à 13 ans). En 2006, il remporte le premier prix du concours Thelonious Monk, présidé par Herbie Hancock. Ce dernier, monstre sacré du jazz-rock, considère que le petit jeunot est déjà un maître. Son collègue Chick Corea, autre sommité du genre, voit en Tigran un artiste à la profondeur exemplaire, mûr et grand.
Les dithyrambes continuent de tomber lorsque Tigran Hamasyan sort son premier album « A fable » sur une major, en 2011 (Universal, pour ne pas la nommer). La presse sonne l’alerte au génie, oubliant au passage que Tigran a également trois précédents disques à son actif : « World passion » (2006), « New era » (2007) et « Arrata rebirth » (2008).
Cette discographie déjà conséquente a permis à Tigran Hamasyan de développer son style, fait d’une époustouflante dextérité et une aisance dans des genres aussi variés que le jazz, le classique, la musique populaire arménienne, le rock, le métal ou l’avant-garde.
Ce qu’il nous réserve sur son dernier album « Shadow theater » puise dans cette palettes d’influences diverses, surtout le jazz, le classique et le folklore arménien. Il n’y a pas de rock ici, ce qui place ce nouvel album de Tigran à la frange des genres qui sont habituellement chroniqués dans ces pages.
On restera néanmoins tenu en éveil par des mélodies angéliques, où le piano est à l’aise sur différents tempos et thèmes. Tigran semble réfreiner sa dextérité sur les touches en plaçant son instrument comme constructeur d’ambiance plutôt qu’instrument de première ligne. Ce sont les voix parfois baroques qui viennent apporter une contribution non-négligeable à l’ensemble. Violon et saxophone sont là pour accentuer les aspects dramatiques de certains morceaux (« The collapse ») ou au contraire apaiser le débit musical (« Lament », « Seafarer »). Tigran n’hésite pas non plus à avoir recours au clavecin en ouverture de « The court jester », course allègre sur des tempos vivifiants et jazz. On retrouve la technique fulgurante de Tigran Hamasyan sur un « Alternative universe » que n’aurait pas renié Chick Corea.
Au final, « Shadow theater » prend une sérieuse option dans la catégorie jazz-rock novateur et imaginatif. Ce n’est pas forcément de la musique pour rocker typique mais elle offre la possibilité de s’évader dans des atmosphères différentes et toujours intéressantes.
Pays: US
Universal
Sortie: 2013/08/26