BJORKLOF, Micke & BLUE STRIP – After the flood
Cela fait une vingtaine d’années que Micke Bjorklof et ses sbires mènent une croisade blues dans les terres froides de Finlande, jetant indifféremment leur musique dans les petits clubs enfumés de Laponie ou les grands festivals un peu partout en Europe. C’est ainsi qu’ils ont pu être vus partageant les planches avec B.B. King, les Fabulous Thunderbirds, Little Feat, Bill Wyman’s Rhythm Kings, Solomon Burke ou Robert Plant.
Après quelques changements de personnel dans les débuts, Micke Bjorklof (chant, harmonica, guitare rythmique) a réussi à maintenir autour de lui un noyau fidèle de mercenaires : Lefty Leppänen (guitares et chœurs), Teemu Vuorela (batterie), Seppo Nuolikoski (basse et chœurs) et Timo Roiko-Jokela (percussions). Le groupe a pondu au cours du temps une demi-dizaine d’albums dont « Three times seven is… » (2002), qui a remporté en son temps le prix du meilleur album de blues en Finlande, ou « Whole nutha thang » (2007), enregistré à Londres avec le producteur Neil Brockbank (Nick Lowe, Johnny Thunders, Bryan Ferry, par exemple).
Pour « After the flood », Micke Bjorklof voulait rendre hommage au blues de La Nouvelle-Orléans, une des influences principales de son groupe. Alors, pour ce faire, la meilleure chose était d’aller directement sur place tâter l’ambiance et s’imprégner des fragrances du bayou et des sonorités des bluesmen de la Ville Croissant. Le producteur adéquat pour cette tâche ne pouvait être que Mark Bingham, tripoteur de manettes ayant fait ses preuves avec Dr John, John Mooney, Elvis Costello ou Allen Toussaint. Ce fin connaisseur du blues de la Louisiane cherche d’abord à savoir ce que ces Finlandais ont dans le ventre et après les avoir entendus jouer, il signe des deux mains.
Cette saine collaboration aboutit à un bien sympathique album qui chatouille toutes sortes d’ambiances, du blues-rock lourd (« House for the blues ») à des terrains de prédilection pour guitare slide (« Jack the black hat ») en passant par de suaves ballades (« Water from your shoe ») et des mid-tempos matois laissant couiner la voix féline de Micke Bjorklof (« Woogie or die »). Quelques gerbes boueuses d’harmonica dévalant des tapis de guitares épaisses (« Sometimes »), les stridences du bottleneck sur les manches de gratte (« Understanding ») ou des enfoncements dans les vapeurs éthyliques (« King alcohol ») achèvent de donner à « After the flood » tout le crédit qu’il mérite.
Nous sommes donc rassurés. Les Finlandais ne passent pas leur temps à chasser le renne dans les quartiers nord d’Helsinki, ils sont aussi capables de payer rubis sur l’ongle leur écot au blues, et ça, ça compte.
Pays: FI
Blues Boulevard 250351
Sortie: 2013/09/13