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MAN – The Welsh connection

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Dans la Grande-Bretagne progressive des années 70, Man a toujours été une alternative intéressante pour qui commençait à se lasser de toujours écouter les mêmes albums de Pink Floyd, Genesis ou Yes. Ce groupe gallois au personnel changeant (mais dont les piliers sont les guitaristes Deke Leonard et Micky Jones) a aligné une série régulière d’albums entre 1968 et 1976, qui ont tous été réédités par Esoteric Recordings et dont plusieurs ont été chroniqués par Music in Belgium : « Revelation«  (1969), « 2 ozs of plastic with a hole in the middle«  (1969), « Man » (1970), « Do you like it here now, are you setting in? » (1971), « Live at Padget Rooms, Penarth«  (1972), « Be good to yourself at least once a day » (1972), « Back into the future«  (1973), « Rhinos, winos and lunatics » (1974), « Slow motion », le live « Maximum darkness » (1975), l’ici présent « Welsh connection » (1976) et le live de reformation de 1983, « Live at the Marquee« . Le dernier live de 1977, « All is well that ends well » est annoncé pour bientôt.

Man s’est distingué au cours des années 70 par un rock progressif fortement teinté de psychédélisme et une capacité peu commune à partir dans de longues improvisations pointues et techniques sur scène, d’où l’intérêt de leurs albums live officiels, auxquels on peut ajouter des concerts posthumes, comme le « Live at the Rainbow 1972 », sorti en 1999. L’excellente qualité musicale de ce groupe n’a jamais vraiment été reconnue à sa juste valeur, quelques albums du groupe arrivant modestement autour de la 25e place des charts anglais durant les années 1973-76, et cela durant deux à trois semaines maximum.

Ayant toujours eu un petit faible pour cette formation, je ne saurais trop recommander à l’auditeur curieux de redécouvrir Man, dont on peut dire qu’aucun album n’est décevant, même pas le dernier « The Welsh connection », qui a souvent été décrié mais qui mérite d’être défendu. À l’époque, nous sommes en 1976 et la vague punk approche. Les groupes de rock progressif vont bientôt pouvoir plier bagage et détaler du devant de la scène. Ces sombres prémisses ne gênent en rien Man, dont les membres du moment (Deke Leonard et Micky Jones, guitares et chant ; Phil Ryan, claviers et chant ; Terry Williams, batterie et John McKenzie, basse) affichent encore des ambitions en termes d’écriture et de maison de disques. Longtemps abonné au label Liberty/United Artists (Hawkwind, Groundhogs, Amon Düül II, Help Yourself), Man passe entre les mains de la maison RCA qui les signe pour deux albums.

Le groupe s’installe à la Headley Grange dans le Hampshire pour écrire et répéter. Cet endroit a été le lieu d’accueil de Led Zeppelin, notamment pour son fameux quatrième album. Puis Man transite par les studios Olympic où il enregistre « The Welsh connection » entre décembre 1975 et février 1976. L’album sort en mars suivant et reçoit assez bonne presse et un accueil du public qui le porte à la 40e place des charts. On est donc ici face à un album honnête de Man, son dernier en studio avant 1993. « Welsh connection » est peut-être un peu plus balisé que ses prédécesseurs, avec une note progressive plus affirmée mais le groupe est toujours capable de belles compositions, comme « The ride and the view », « Out of your head », le long et raffiné « The Welsh connection », le primesautier « Car toon » ou « Born with a future » aux relents soul et au final enluminé de brillantes interventions de guitares. Le single « Out of your head/I’m a lovetaker » (face inédite en album) vient supporter la sortie du disque.

Man part promouvoir son album sur les scènes d’Amérique, où il joue notamment en Californie en compagnie du légendaire guitariste John Cippolina. L’ancien bretteur du Quicksilver Messenger Service a toujours été une source d’inspiration pour Man, avec ses fascinantes envolées de guitare psychédélique qui ont fait de Quicksilver Messenger Service un des meilleurs groupes de l’acid rock de San Francisco à la fin des années 60. Notamment, Cippolina est invité sur les dernières dates de la tournée, avec par exemple un concert au Keystone de Berkeley le 9 août 1976.

Ce concert figure en bonus sur la réédition de « The Welsh connection » par Esoteric Recordings. On peut ainsi apprécier l’énergie et la prestance de Man sur scène, qui délivre d’extraordinaires versions de « The Welsh connection », « Something is happening », « The ride and the view », « Out of your head » ou « Born with a future », chansons du dernier album. Mais là où Man nous gâte, c’est avec une version de plus de 17 minutes de « C’mon », extrait de « Be good to yourself at least once a day ». Cet album comprend aussi « Bananas », morceau final du concert sur lequel intervient John Cippolina. Et là, on s’en prend plein le pif avec dix minutes de rock ‘n’ roll échevelé marqué par des guitares impériales. Cippolina avait déjà participé à l’album live « Maximum Darkness » en 1975 mais ici, ce concert de Berkeley est véritablement formidable.

C’est notamment en raison de la présence de ce concert bonus sur cette réédition de « The Welsh connection » que cette dernière est fortement recommandée. Ainsi, on pourra se souvenir que Man était l’un des plus indispensables combos de série B du prog anglais des Seventies. Depuis, le groupe s’est reformé (en 1983, avec reprise de l’activité discographique en 1993) et a sorti régulièrement des albums, au moins jusqu’en 2007 et 2009 (les décevants « Diamonds and coal » et « Kingdom of Noise »), quelque temps avant que le dernier membre fondateur de Man, Micky Jones, ne décède d’une tumeur au cerveau en 2010.

Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 22403
Sortie: 2013/07/29 (réédition, original 1976)

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