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CCS – Tap turns on the water: The CCS story

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Derrière cet acronyme se cache le Collective Consciousness Society, un groupe anglais qui mit au point au tout début des années 70 un mélange de jazz et de rock, associant compositions originales et reprises spectaculaires. Le style du groupe peut être rapproché de ce qu’on appelait alors le brass rock, musique rock jouée à grand renfort de cuivres et dans lequel le groupe américain Blood Sweat & Tears était devenu un expert incontesté.

Mais le CCS anglais sut aussi tirer admirablement son épingle du jeu dans ce genre au fort risque d’indigestion. Plus fin, plus inventif que Blood Sweat & Tears, le Collective Consciousness Society a d’ailleurs prouvé la qualité de son travail et de son inspiration en collant une poignée de hits dans les charts anglais entre 1970 et 1973.

Le groupe est monté en 1970 par John Cameron, un musicien anglais qui gagne sa vie en écrivant des musiques de films, de shows télévisés ou de publicités et qui était à l’époque impliqué dans la préparation de la candidate anglaise à l’Eurovision, Mary Hopkin. La deuxième place atteinte par cette dernière à l’édition 1970 démontre que le sieur Cameron dispose d’un certain talent pour écrire des chansons. La rencontre de Cameron avec le célèbre producteur Mickie Most va être décisive pour CCS. Most vient de lancer son label RAK et a signé deux musiciens, le guitariste danois Peter Thorup et le légendaire Alexis Korner. Celui-ci n’est ni plus ni moins qu’un des trois pères fondateurs du British Blues Boom des années 60 (avec John Mayall et Graham Bond). En 1970, la vague du blues rock anglais lance ses dernières flammèches et Alexis Korner est tout content d’embarquer dans un projet qui se veut ambitieux et original.

L’idée est de croiser le jazz des big bands des années 40 avec le rock, qui triomphe dans l’Angleterre de 1970, en donnant surtout l’accent sur des reprises rock jouées à grand renfort de trompettes et de trombones. C’est ainsi que sort en 1970 le premier album « CCS ». Le trio John Cameron (piano), Alexis Korner (guitare et chant) et Peter Thorup (guitare et chant) est accompagné d’une imposante section de cuivres de plus d’une vingtaine d’instrumentistes. Le groupe n’y va pas de main morte en s’attaquant à des chansons comme « Boom boom » de John Lee Hooker, « Satisfaction » des Rolling Stones, « Living in the past » de Jethro Tull ou surtout « Whole lotta love » de Led Zeppelin. Cette reprise va cartonner en Grande-Bretagne en atteignant la treizième place des charts et en devenant pour de nombreuses années le générique de la fameuse émission Top of the pops. Cette reprise dégoulinante de trompettes et de guitares puissantes est phénoménale, comme de vastes parties de cet excellent premier album qui envoie des mélodies percutantes et enlevées, entre jazz, funk et rock.

Le deuxième album est écrit dans le confort du yacht de Mickie Most, amarré à Cannes et qui promène le trio sur la Méditerranée durant l’été 1971. « CCS II » est annoncé par le single « Tap turns on the water/Save the world », qui atteint la cinquième place du hit-parade anglais. Ce titre entraînant et insouciant donne le ton d’un deuxième album comparable au premier, qui reprend un autre titre de Led Zeppelin (« Black dog ») et retravaille à nouveau « Whole lotta love » dans une grande suite impliquant également « School days », « Lucille » et « Long Tall Sally », classiques de Chuck Berry et Little Richard. Le morceau introductif « Brother » est édité en single et se place à la 25e place des charts, l’album faisant quant à lui 23e.

Ça marche donc bien pour CCS, qui fait remuer les foules avec son jazz-rock faramineux et funky. À l’époque, le mélange est encore assez original et apparaît comme nouveau. Il faut admettre que quarante ans après, le style sonne quelque peu daté mais quand on se remet dans le contexte de l’époque et que l’on repense à ces glorieuses années 70, la musique de CCS est très parlante. Oser reprendre du Led Zeppelin façon jazz-rock, il fallait quand même le faire.

L’épopée de CCS se termine en 1973 avec un troisième album intitulé « The best band in the land », dont le single « The band played the boogie/Hang it on me » se loge à la 36e place des charts anglais. La formule du big band est devenue de plus en plus contraignante pour CCS car il faut réunir à chaque fois une vingtaine de musiciens à l’agenda bien chargé. Et comme la formation refuse de jouer autrement que live en studio, les réunions au grand complet ne sont pas nombreuses. Ce n’est donc pas à cause de l’insuccès que CCS met fin à son aventure, mais pour de simples raisons logistiques.

Les membres du collectif retournent donc à d’autres activités, Alexis Korner à son jazz et ses publicités radiophoniques, John Cameron à ses génériques d’émissions télé. Depuis, Alexis Korner et Peter Thorup sont décédés et il ne reste que John Cameron comme témoin de cette belle histoire, qui fait l’objet d’une somptueuse réédition chez Esoteric Recordings. Outre l’intégrale des trois albums, le label propose également tous les titres parus en singles, le tout sur deux CD savoureux, pleins de joie, de rythme et d’exubérance typiquement seventies.

Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 22404
Sortie: 2013/07/29 (réédition, original 1970-73)

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