CD/DVDChroniques

GEEZER – Electrically recorded handmade heavy blues

Notre évaluation
L'évaluation des lecteurs
[Total: 0 Moyenne: 0]

Le titre de l’album parle de lui-même. Geezer (qu’il ne faut pas confondre avec le projet solo de Geezer Butler, bassiste de Black Sabbath) vient se placer sur l’échiquier blues rock avec une tour blindée qui déverse par ses meurtrières des hectolitres de blues bouillant et gras. Du blues lourd, c’est bien de cela dont il s’agit, avec cette formation new-yorkaise formée fin 2010 par Pat Harrington (guitare et chant), Chris Turco (batterie) et Freddy Villano (basse).

Les trois lascars ont un projet simple : réintroduire une dimension dangereuse et vicieuse dans le blues, un genre au départ considéré comme la musique du démon, lorsque les Noirs le chantaient en utilisant les tonalités intermédiaires autrefois condamnées par l’Église. Et dans ce projet, on peut dire que Geezer s’en tire à merveille. Le temps des gentils bluesmen funky blonds à chemises à fleurs est terminé, on retourne dans les champs de coton ou dans les garages de Chicago pour régler quelques comptes à coups de flingue. Pat Harrington, barbe de patriarche façon ZZ Top s’étalant sur la poitrine, profère un chant gouailleur et crasseux, balançant au passage des accords de guitare slide propres à faire frémir un croque-mort du Mississippi. Derrière lui, la section rythmique écrase du mi-tempo haltérophile graisseux et malsain. Ça fissure le bulbe rachidien, c’est gros, c’est gras, c’est bon!

On se trouve ici en présence de l’accord parfait du blues et du stoner, dans la ligne directe des brutes épaisses de Five Horse Johnson ou Heavy Eyes, avec des références aux racines historiques que sont Robert Johnson, Charley Patton ou Son House. Geezer déploie un son massif, récupère les tables de la loi du 12 mesures pour les tremper dans une solution de graisse de phoque mélangée à du mazout non-raffiné.

Incroyablement plus abrasif et méchant que les désormais gentilshommes des Black Keys, ayant renoué avec la tradition du blues lourd des années 70 (Led Zeppelin, ZZ Top, Stackwaddy, Blue Cheer), Geezer sort sur dix titres tout ce qu’il faut savoir en matière de blues rugueux et fier-à-bras : rythmiques chaloupées (« Planes, trains & automobiles »), rafales de slide déglinguées (« Pony »), incantations vaudou (« Rain on the highway »), murs de décibels dansants (« Underground »), beuglements foncièrement virils (« Full tilt boogie »), blues binaire pour lendemains de cuite (« Eyes like laserbeams ») ou hymnes à la défonce (« I just wanna get high with you »).

Ajoutons à cela une reprise poisseuse du « Do it in the road » des Beatles et une réinterprétation terminale du « Still a fool » de Muddy Waters et on obtient une petite caisse de dynamite heavy blues rock qui ne demande qu’à vous péter à la gueule dès la première occasion. Avez-vous songé à changer de coiffure ces temps-ci ? Geezer vous y aidera.

Pays: US
Blues Boulevard 250352
Sortie: 2013/09/20

Laisser un commentaire

Music In Belgium