HUNTER, Steve – The Manhattan blues project
Pour tous les amateurs de guitare finement ciselée et de rock des années 70, Steve Hunter est une figure qui a obtenu ses galons en accompagnant des légendes comme Alice Cooper ou Lou Reed, complétant également son impressionnante carrière sur des albums de Peter Gabriel, David Lee Roth, Jack Bruce ou Aerosmith. C’est lui qui démarre un échange hallucinant de guitares avec son non moins prestigieux collègue Dick Wagner sur l’album live de Lou Reed sorti en 1974, « Rock ‘n’ roll animal ». On le retrouve aussi sur la quasi-totalité des albums d’Alice Cooper durant la seconde moitié des années 70.
Autant dire que le bonhomme attire le respect dans la profession et dans le monde des fans. Il n’a pas hésité non plus à cultiver une petite carrière solo jalonnée d’une demi-dizaine de disques en près de 35 ans. « Swept away » inaugure la liste en 1978, suivi de « The deacon » (1989), « Hymns for guitars » (2007) et « Short stories » (2008). « The Manhattan blues project » vient compléter cette année une discographie essentiellement vouée à la guitare et à ses différents modes de cuisson.
Pour se faire, Steve Hunter s’est entouré d’un petit groupe d’invités tout aussi prestigieux que zélés : Joe Satriani, Joe Perry (Aerosmith), l’acteur et musicien à ses heures Johnny Depp, Marty Friedman (ex-bretteur chez Megadeth), Michael Lee Firkins, Tony Levin (bassiste chez King Crimson et Peter Gabriel), Phil Aaberg ou Tommy Henriksen. Pour le reste, Steve Hunter s’occupe de tout : écriture des mélodies (à part une reprise de « Solsbury Hill » de Peter Gabriel et une de « What’s going on » de Marvin Gaye), enregistrement, production et distribution sur son propre label Deacon Records (hérité de son surnom, « le diacre »).
Côté musique, Steve hunter renoue avec ce qui l’a toujours animé au plus profond, le blues. Ici, le bon Steve nous propose de tranquilles ballades bluesy (« Prelude to the blues », « Gramercy Park », « A night at the Waldorf », « Day dream by the Hudson », « Flames at the Dakota »). On remarque que tous les noms des chansons sont tirés de lieux fameux à New York, ce qui rejoint pleinement le concept du « Manhattan blues project », un hommage à la Grosse Pomme et au blues. « 222 W 23rd » est un peu plus rythmé, avec un solo de slide signé Michael Lee Firkins. « The Brooklyn shuffle » renoue avec le bon gros blues lourd et binaire, sous les guitares de Steve Hunter, Johnny Depp et Joe Perry. Quant à Joe Satriani et Marty Friedman, ils exposent tout leur talent et leur groove sur le chaloupé « Twilight in Harlem ». Détail qui a son importance : l’album est entièrement instrumental, vierge de tout chant.
Si du point de vue de l’écriture, cet album de Steve Hunter ne s’éloigne pas trop des règles établies en matière de blues et de soft rock, il reste une valeur quant à la qualité de l’interprétation et d’une impeccable instrumentation. Steve Hunter, vieux serviteur du rock, a toujours de l’or dans les doigts quand il s’agit de faire parler la guitare.
Pays: US
Deacon Records
Sortie: 2013