NELSON’S, Bill ORCHESTRA ARCANA – Iconography
Nous retrouvons Bill Nelson, ex-patron du groupe Be-Bop Deluxe dans les années 70, devenu auteur-compositeur-interprète d’une œuvre-fleuve qui commence dans les années 80 et continue encore aujourd’hui. Nous avons déjà eu l’occasion de parler de ce musicien anglais hors-norme qui a toujours suivi ses instincts musicaux plutôt que les modes et les courants faciles. Pour découvrir ou redécouvrir l’histoire de Bill Nelson, je renvoie le lecteur aux précédentes chroniques de « Northern dream« (1971), « Luminous« (1991) et « Practically wired« (1995).
Ces albums ont été réédités par le label Esoteric Recordings, qui nous propose cette fois l’album « Iconography » de 1986, attribué à Bill Nelson et son Orchestra Arcana. Cet Orchestra Arcana n’est en fait qu’une fiction, Bill Nelson ayant réalisé l’album entièrement seul. C’est sous cette appellation que Bill Nelson sort en 1984 un premier EP intitulé « Sex, psyche, etcetera ». On y trouve le titre éponyme, plus « Several famous orchestras » et « Who he is », deux titres inédits qui ne figurent pas sur l’album « Iconography » sorti deux ans plus tard (mais qui figurent sur la réédition Esoteric Recordings).
Bill Nelson sort cet album sur son label Cocteau Discs, une entreprise personnelle qui lui donne toute liberté pour sortir ce qu’il veut, quand il veut. De plus, son studio installé dans sa propre maison (et baptisé l’Echo Observatory) lui permet de se livrer à toutes sortes d’expériences sonores, sans contrainte de temps ou d’instructions d’une maison de disques.
C’est cette liberté totale qui a pu emmener Bill Nelson très loin dans l’expérimentation musicale. C’est le cas ici avec « Iconography », amalgame de treize titres enregistrés entre 1984 et 1986. Ces morceaux reposent tous sur une structure identique : des montages sonores extraits d’émissions de radio ou de télé, samplés et sur lesquels Nelson tisse des structures minimalistes et ambiantes de synthétiseurs.
Et c’est un peu là que le bât blesse. Bill Nelson est un génie, il n’y a aucun doute là-dessus. Mais ici, à notre humble avis, le fait de s’en tenir durant tout un album à la même formule collages samplés-nappes de synthés finit par donner une recette complètement éventée. L’auditeur a vite compris où Bill Nelson veut en venir et il espère un peu plus de variété dans la suite de l’album. Mais celle-ci ne vient pas et la douzaine de pièces courtes (trois minutes en moyenne) se transforment rapidement en suite monotone et considérablement datée aujourd’hui.
Nous ne nous permettrons pas néanmoins de mettre en doute la vision musicale ultra-respectable du grand Bill Nelson. Il y a parfois des moments où la vision des maîtres devient trop abstraite et où les misérables disciples sont trop coincés dans leur médiocrité ou leur noviciat pour saisir tout le sens du message. Mais nous nous contenterons de recommander cet album aux fans revendiqués de Bill Nelson qui sont capables de suivre l’homme jusqu’aux derniers retranchements de son art.
Pays: GB
Esoteric Recordings COCD1008
Sortie: 2013/06/24 (réédition, original 1986)