VANILLA FUDGE – Rock & roll
Vanilla Fudge est un des rares groupes américains à avoir été une transition étonnante entre le psychédélisme et le hard rock. Ce groupe devenu célèbre grâce à ses arrangements particuliers, très ralentis et alourdis, de succès pop du moment, va voir passer dans ses rangs quelques-uns des musiciens le plus prestigieux du hard rock US des années 70. Le premier d’entre eux est Carmine Appice. Né à New York en 1946, ce batteur surpuissant va mener une carrière exemplaire avec Cactus, l’équivalent américain de Led Zeppelin au début des années 70, puis avec Jeff Beck dans Beck Bogert & Appice en 1973, avant d’aller prêter sa frappe sur des projets comme KGB, Derringer Bogert & Appice, ou encore chez Ted Nugent et Rod Stewart mais aussi dans ses propres groupes hard rock comme Blue Murder et King Kobra (qui vient de sortir un nouvel album absolument dévastateur). L’autre ponte chez Vanilla Fudge, c’est Tim Bogert, bassiste qui doit compter au moins une douzaine de doigts sur chaque main car son jeu est tout simplement phénoménal. Outre Beck Bogert & Appice, Tim Bogert va retrouver son acolyte Appice sur de nombreux projets de super-groupes, faire quelques albums solo et aller participer à des groupes comme Boxer, la formation animée par Mike Patto au milieu des années 70.
Avec Mark Stein (claviers) et Vince Martell (guitare), ces deux colosses vont d’abord fonder Vanilla Fudge, un groupe alliant pop psychédélique et rock lourd et qui va connaître quelques succès avec notamment une reprise ralentie et alourdie de « You keep me hangin’ on » des Supremes en 1967. Le premier album « Vanilla Fudge » se classe sixième des charts américains en 1967 et inaugure une série de cinq albums jusqu’en 1969. Chacun de ses disques a une particularité propre : montage sonores abscons et expérimentaux sur « The beat goes on » (1968), psychédélisme renforcé sur « Renaissance » (1968, avec une reprise du « Season of the witch » de Donovan), soul rock costaud sur « Near the beginning » (1969, avec une reprise en béton de « Shotgun » de Junior Walker et une reprise étirée du « Some velvet morning » de Lee Hazlewood) et enfin prémisses du hard rock avec ce « Rock & roll », sorti aussi en 1969 et qui est réédité par le label Esoteric Recordings.
Nous sommes fin 1969 et Vanilla Fudge est sur le point de se séparer. Le groupe vient de se faire tailler des croupières en tournée par son groupe de première partie, Led Zeppelin. Il décide d’affirmer sa virilité musicale avec son album « Rock & roll », baptisé à point nommé. L’album ne contient que sept titres chiffrant une durée moyenne de cinq minutes. Vanilla Fudge reprend toujours des hits avec sa touche particulière mais il écrit aussi des titres un peu plus rentre-dedans, comme le morceau d’ouverture « Need love », véritable bombe incendiaire hard rock dégoulinante d’orgues agressifs et de guitares chargées à la chevrotine. « Street walking woman » est également assez costaud, avec une petite mine funky qui ne tarde pas à se métamorphoser en course électrique intense. La version du « I can’t make it alone » de Carole King est d’un démarrage très doux et lent mais réserve toute sa charge pour la fin, avec batterie carrée et insinuations de guitares très hostiles aux tympans. L’orgue est moins en avant et l’album laisse surtout la place à la section rythmique et à la guitare.
Sous la houlette du producteur Adrian Barber (ancien producteur du Velvet Underground et futur maître d’œuvre d’Aerosmith), les musiciens de Vanilla Fudge ont laissé tomber le look propret des débuts et sont maintenant des hippies hirsutes et bruts de décoffrage. Là où le Fudge retrouve sa tranquillité, c’est sur des reprises comme « The windmills of your mind », adapté du thème de Dusty Springfield pour le film L’affaire Thomas Crowne, ou « If you gonna make a fool of somebody ». Au total, avec le très étrange « Church bells of St. Martin » composé par Mark Stein, on a un album assez varié, pas véritablement cohérent mais qui possède quelques bons moments. Il atteindra la 34e place des charts américains, assisté des deux singles « Need love/I can’t make it alone » (111e) et « Lord of the country/Windmills of your mind » (non classé).
C’est avec ce disque que Vanilla Fudge se sépare début 1970, à la même époque que les Beatles qu’ils ont tant révéré. La suite est désormais connue. Carmine Appice et Tim Bogert deviennent des références dans le monde du rock lourd. Carmine Appice notamment, 66 ans aux prunes, n’a jamais été aussi actif qu’aujourd’hui, avec la reformation de Cactus, la reformation de Vanilla Fudge, un nouvel album de King Kobra et ses projets Guitar Zeus. Quant à Mark Stein, il jouera en 1971 dans un obscur petit combo appelé Boomerang.
Pays: US
Esoteric Recordings ECLEC 2391
Sortie: 2013/05/27 (réédition, original 1969)
En Juin 2013 j’ai eu la chance de voir Vanilla Fudge , groupe que je vénère depuis 30 ans , avec une formation presque originale , Camine Appice , Mark Stein et Vince Martell accompagné de leur fidèle ami l’excellent Peter Bremy qui a repris la place de Tim Bogaert . C’était incroyablement bon , dans ce BB King and Blues club qui est à Manhattan ce que le Spirit of 66 est à Verviers. Après le concert ils ont très gentilement rencontré les fans et Vince Martell , entendant que j’étais de Belgique , m’a dit qu’il voudrait bien venir y jouer. Carmne qui venait d’y passer quelques mois plus tôt avec Cactus lui a confirmé que le Spirit of 66 était un endroit génial , je l’ai mis en contact avec Francis Géron qui bien sur les acueillerait à bras ouverts. 9 mois plus tard , ils passaient au Spirit…. Des légendes !
J’ai ecrit un article du concert de New-York
http://concerts-review.over-blog.com/article-vanilla-fudge-au-bb-king-blues-club-de-new-york-juin-2013-118890639.html