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CAUVIN, Philippe – Memento

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Philippe Cauvin, ancien leader du groupe Uppsala, joue de la guitare classique, chante en solo, assure les chœurs, joue de la guitare-synthé et s’occupe des percussions. Il s’est taillé une belle réputation de guitariste à la fin des seventies et pendant les eighties. De plus, sa voix de haute-contre le distingue immédiatement de la concurrence.

Plus proche du rock progressif, cet album à un côté médiéval et baroque moins immédiat que sur son précédent opus, « Climage », mais il est de toute façon agrémenté par des harmonies vocales contemporaines qui rendent sa datation très difficile et en font un album hors du temps.

Les percussions de « Chanson facile d’amour » sont comme un enchantement au début de ce morceau. C’est ensuite la voix très spéciale de Philippe Cauvin qui prend la relève. Son jeu léché à la guitare acoustique classique achève de créer un climat onirique et irréel. Ce titre figurait déjà sur l’album « Climage », dont la chronique a été publiée sur ce site.

« Comme un miroir d’écho » est plus guilleret et comporte des accents plus positifs. Cette fois, la voix est absente. Les arpèges de guitare constituent l’essentiel du morceau et sont bien agréables à l’écoute. « Coeur » est un court morceau parcouru par la voix très spéciale de Cauvin, qui, pour éviter la monotonie et varier ses effets, alterne les morceaux chantés avec les titres instrumentaux. « Jeu d’enfant », très court, uniquement instrumental, se laisse aussi écouter avec beaucoup d’intérêt, tant cette musique est belle. On y décèle une légère influence orientale.

Avec l’aide de son ami Serge Korjanevski aux percussions, qui s’apparentent parfois à des bruitages savamment dosés, « Transe en danse » crée la diversion et est plus élaboré. Cette mélopée tribale devient vite indispensable et son caractère hypnotique ressort à la première écoute. La voix de Philippe Cauvin fait le reste. Admirable.

L’instrumental « Pour un recueillement » est beaucoup plus intimiste et introspectif. C’est une musique très proche de la musique classique et son appellation « rock » est largement usurpée. Comme le nom l’indique, cette musique ne convient pas pour une party endiablée. Ce n’est vraiment pas le but. Mais même si ce morceau est difficile d’écoute, la beauté est omniprésente et la nuance délicate en est la règle.

« Air d’elle » débute par la voix de Philippe Cauvin et ses mots bizarres. La guitare-synthé les accompagne en un petit concert complété par les claviers de Serge Korjanevski. Très subtil.

Débutant par la voix de Philippe Cauvin, qui énonce des mots inintelligibles dans son langage très particulier, « Automne » est une très longue pièce épique ambitieuse pour guitare, voix et percussions. La mélodie est relativement complexe et s’égrène lentement pour faire de cette musique la pièce maîtresse de l’album. Philippe Ravon y joue du triangle, dont le timbre très particulier est toujours un régal pour l’auditeur (à durée très limitée, il est vrai).

Tous ces titres ont été enregistrés à Bordeaux, au studio Carat, en février 1984. C’est ce LP vinyle qui a été réenregistré et est réédité ici. Les cinq titres suivants, par contre, sont des inédits.

« Plusieurs regards » est destiné à mettre en valeur la guitare classique dont Philippe Cauvin est tombé amoureux. C’est un mélange de musique ancienne et de musique contemporaine assez réussi. « Les yeux du ciel » est aussi un magnifique morceau de bravoure qui illustre les possibilités presque infinies de cet instrument très difficile à jouer. Ces deux titres ont été enregistrés en mars 1980 au studio Le Chien Jaune à Paris.

Enregistré en public au Theâtre du Bois Fleuri de Lormont en mars 1998, « Orémus pour toi » met en valeur la voix et la virtuosité de l’auteur à la guitare classique. Parmi les paroles le plus souvent inintelligibles, le mot « sentimental » revient cependant comme un leitmotiv. Le public semble littéralement subjugué et on n’entend pas un murmure pendant tout le morceau. Il y a juste des applaudissement nourris à la fin.

« Cœur à coeur » est un très court morceau acoustique avec voix destiné à introduire « Tankanan 1 & 2 ». A noter la présence de Serge Korjanevski aux claviers sur ces deux titres. Ce sont de magnifiques extraits du film « Approche » de Daniel Aurousseau. Ils créent un climat irréel propice au rêve. Ils ont été enregistrés au studio Carat de Bordeaux en février 1989.

Si vous avez aimé « Climage », vous aimerez sans doute aussi « Memento », tout aussi dépaysant, même si ce dernier est plus introspectif et spirituel. « Transe en danse », « Automne » et « Tankanan 1 & 2 » en sont les pièces maîtresses. Il y a toujours cette recherche de l’absolu et du surnaturel, afin de transcender des événements auxquels il est difficile de donner un sens. Dans cette optique, cet album est très actuel.

Pays: FR
Musea Records FGBG 4513.AR
Sortie: 2004/11 (réédition, original 1984)

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