ORPHANED LAND – All Is One
En lecteur assidu de notre site, vous avez dû remarquer l’admiration profonde que votre humble serviteur porte à Orphaned Land ; cette formation israélienne qui, en mariant Métal Extrême/Progressif et musiques orientales et en insufflant au fruit de cette union peu orthodoxe une bonne dose de philosophie pacifiste, a réussi l’impensable exploit de rapprocher des peuples et des cultures que tout semblait vouloir séparer.
« All Is One », le tout nouvel opus du groupe, tempère pour la première mes ardeurs pacifico-fraternelles et me fait réaliser que, si admiration profonde il y a, elle n’est pas sans bornes ! Sans doute suis-je, comme beaucoup de fans, un peu trop obtus pour accepter le changement. ‘Orphaned Land a évolué‘ préciseront les plus optimistes. Tant mieux pour ces derniers s’ils ont la chance de pouvoir le prendre ainsi. Quant à moi, je suis plutôt septique quant au bienfondé de cette ‘évolution’ qui voit le style d’Orphaned Land passer de ‘Métal à influences orientales’ à ‘Musique Orientale avec quelques touches de Métal’.
Kobi Farhi confiait, dans une interview récemment accordée à un autre scribouillard de la grande toile, qu’Orphaned Land estimait qu’il était temps de rendre sa musique plus directe et plus accessible et avait, pour ce faire, abandonné le chant extrême et réduit la durée de ses compositions. La bio fournie par le label Century Media mentionne fièrement la participation à l’enregistrement d’une quarantaine de musiciens, dont une chorale de vingt-cinq chanteurs et huit violonistes/violoncellistes classiques originaires de Turquie. C’est sans doute un peu dans cette surenchère que le bât blesse en ce qui me concerne. Car la grande force d’Orphaned Land a toujours été de parvenir à trouver l’équilibre parfait entre brutalité métallique, structures progressives et exotisme oriental. Pour rendre leur musique plus accessible, les Israéliens ont pris le parti d’accentuer leur côté oriental de leurs compositions et de les encombrer avec un fatras de chœurs ‘Therionesques’ et d’orchestrations symphoniques. La face métal du groupe, bien que toujours présente, semble désormais passer au second plan. Sans vouloir paraphraser l’imperturbable Maitre Yoda, je me dois de constater que ‘Rompu est l’équilibre de la force‘ !
Affranchie de son chant extrême, la musique du groupe perd son côté sombre et prend une tournure mélancolique (NDR : pour ne pas dire pleurnicharde) qu’elle n’avait pas auparavant. Si certains titres comme « The Simple Man », « Our Own Messiah », ou « Fail », rappellent indéniablement l’appartenance d’Orphaned Land à cette communauté métallique qui le soutient depuis ses débuts, d’autres par contre, n’ont plus grand-chose à voir avec le style. Je ne citerai en exemple que ce titre intitulé « Brother » ; une ballade si sucrée qu’elle pourrait très bien être choisie pour représenter Israël au prochain concours Eurovision de la chanson.
S’il est vrai qu’il faut reconnaitre aux artistes le droit inaliénable de faire évoluer leur art dans la direction qu’ils désirent, nous avons le droit, nous, les fans, de ne pas être obligés d’apprécier. Dans sa quête d’évolution, Orphaned Land s’est un peu perdu en route. Ou, plus probablement, m’a-t-il débarqué sur le bas-côté et a continué son chemin sans m’attendre.
L’album (54’26) :
- All Is One (4’32)
- The Simple Man (4’53)
- Brother (4’55)
- Let The Truce Be Known (5’31)
- Through Fire And Water (4’08)
- Fail (6’03)
- Freedom (3’17)
- Shama’im (3’56)
- Ya Benaye (4’37)
- Our Own Messiah (5’21)
- Children (7’09)
Le groupe :
- Kobi Farhi : Chant
- Uri Zelha : Basse
- Yossi Sassi : Guitare électrique, Bouzouki, Cumbus, Guitare acoustique
- Chen Balbus : Guitare électrique, Glockenspiel, Claviers, Programmation
- Matan Shmuely : Batterie
Pays: IL
Century Media
Sortie: 2013/06/24