DAVIES, Dave – I will be me
2013 est-elle l’année du retour des vieux maîtres du rock anglais ? Après David Bowie et son impressionnant dernier album, après Deep Purple qui sort de huit ans sans disque et se fend d’un excellent “Now what?!”, après Black Sabbath qui retrouve Ozzy Osbourne dans ses rangs et s’apprête à sortir un nouvel album, voici Dave Davies qui revient avec ce « I will be me » digne de la grande époque où il jouait avec son frère Ray dans les Kinks.
Les Kinks… On retire son bonnet rien qu’en entendant leur nom. Le groupe qui a enjolivé les Sixties de perles incontournables comme « You really got me », « All day and all of the night », « Waterloo sunset » ou « Lola » est sans doute l’un des plus grands groupes anglais de tous les temps, à placer dans le trio de tête avec les Beatles et les Rolling Stones. Avec leurs textes malins parlant de la société anglaise, leur sens inné de la mélodie et leurs accords accrocheurs, les Kinks ont dessiné toutes les boiseries et tous les décors qui siègent dans la maison du rock britannique.
Les Kinks furent avant tout la chose des frères Ray et Dave Davies, dont la fratrie fut toujours bousculée par des tensions, jusqu’à ce jour de 1996 où le combo de Muswell Hill mit fin à plus de trente ans d’activité. Après, Ray et Dave sont entrés dans des carrières solo mais c’est toujours le grand frère Ray qui a réussi à attirer la couverture médiatique à lui, laissant son petit frère se débattre dans un parcours un peu plus sinueux.
Dave Davies s’est remis d’un accident vasculaire survenu en 2004. Le monde avait tremblé pour ce guitariste doué ayant laissé à la postérité des idées de riffs frôlant le génie. Mais en 2006, l’homme est revenu aux affaires et a repris le contrôle de son œuvre avec un album « Fractured mindz » sorti en 2007. Depuis, Dave Davies s’était fait plutôt discret, mais le revoici avec un « I will be me » qui se hisse aisément au niveau d’attente résultant de l’immense carrière et de l’immense talent de Dave Davies.
En effet, Dave Davies réalise ici une belle œuvre, s’étant entouré d’une pléthore d’invités différant d’un titre à l’autre. Et il y a du beau monde : Ty Segall (sur « Livin’ in the past »), les planeurs lourds de Dead Meadow (sur « Energy fields »), le légendaire Chris Spedding (sur « Côte du Rhône », final vinicole de l’album), les gens d’Anti-Flag (sur le percutant et délicieusement kinksien « Little green amp », qui démarre l’album sur les chapeaux de roue), l’Oli Brown Band (sur le détendu « The actress »), les Jayhawks (sur le folky « Remember the future ») ou le Lost Souls Club (sur le babylonien « You can break my heart »).
Il y a de nombreux climats sur cet album et quelles que soient les ambiances, on reste capté par la voix nonchalante de Dave Davies et sa maîtrise impeccable de la guitare. Entre rock éclaboussant (« Little green amp », « Livin’ in the past »), rythmiques tendues et attachantes (« Midnight in L.A. »), assauts électriques lourds (« In the mainframe »), glapissements de guitares rêches (« Erotic neurotic »), Dave Davies nous démontre qu’à 66 ans, il y a toujours une petite place pour laisser éclater sa jeunesse éternelle.
Pays: GB
Purple Pyramid Records
Sortie: 2013/06/04