CD/DVDChroniques

BLANCHE – If We Can’t Trust The Doctors

Notre évaluation
L'évaluation des lecteurs
[Total: 0 Moyenne: 0]

Composé de Feeny, pedal steel guitar, backing vocals, piano, melodica, clarinet, trickery, Dan John Miller, guitare, voix, violon, Lisa « Jaybird » Jannon, batterie, Tracee Mae Miller, basse, voix, Little Jack Lawrence, banjo, autoharp et Patch Boyle, banjo, autoharp, le groupe Blanche joue une musique très spéciale que l’on peut apparenter à de la musique country.

C’est à un de leurs concerts que le toujours délicat Jack White a eu une altercation musclée avec le chanteur des Von Bondies, Jason Stollsteimer. Voilà pour l’anecdote. Vous n’en saurez pas plus : ce n’est pas France Dimanche, ici.

Répertorié country par les spécialistes, cet album est déroutant à plus d’un titre. Par son climat innovant, d’abord. Par son côté old-fashioned, ensuite. En lisant le livret, on croirait entrer dans une officine à la disposition surannée, où les préparations magistrales sont encore de mise. Très smart et très drôle mais pas au point d’adoucir les mœurs. Si vous avez lu le deuxième paragraphe, vous savez pourquoi. Sinon, relisez-le.

On commence avec « (preamble) ». Ben tiens ! Vingt-huit secondes pour se mettre en train. « Who’s To Say », c’est plus sérieux. Rythme country lent avoué et paroles intelligentes pour musique mélancolique très douce avec accompagnement intéressant au banjo et à la pedal steel. On comprend mieux l’intérêt artistique de Jack White, qui joue le solo de guitare. Son copain Brendan Benson assure les choeurs. Dan John Miller intervient seul au chant. Tout ça est excellent.

Plus proche du country traditionnel mais avec une touche humoristique personnelle, « Do You Trust Me? » présente les voix alternées de Tracee Mae Miller et Dan John Miller. A la batterie, Lisa Jannon, tout en sachant se faire oublier, fournit un travail obscur mais remarquable. Les paroles valent le détour, vraiment. Très kitsch.

« Superstition » parle des choses que l’on ne peut contrôler et qui vous rendent la vie impossible. « La tentation est grande de céder à la superstition même si elle porte malheur car on aime se raccrocher à quelque chose », nous dit-on. C’est évidemment une satire de la société prompte à croire à n’importe qui et n’importe quoi. Une pierre dans le jardin de l’Amérique profonde et de son président ? Ce n’est pas exclu, bien que l’album n’ait aucun caractère politique.

« Bluebird » est une remarquable ballade, toujours avec voix féminine / masculine alternée. C’est un des grands moments de l’album et la pedal steel de Feeny fait merveille sur un rythme country classique et drôle mais sur le plan instrumental tout le monde tient parfaitement son rang. Irrésistible de drôlerie.

La pedal steel surgit de nouveau pour le plus grand bonheur de tous sur « So Long Cruel World », une ballade country traditionnelle. Le style old-fashioned du groupe est très marqué ici. Son humour caustique aussi. « Vous pensez que je suis heureux parce que tous mes rêves se sont réalisés. Vous ai-je dit qu’il s’agissait de cauchemars ? » Le reste est à l’avenant. Désopilant.

« Another Lost Summer » est de la country classique marquée par la voix très spéciale de Tracee Mae Miller. On y parle d’un été qui se termine sans avoir tenu ses promesses, de plantations mal programmées qui n’ont rien donné, d’un amour attendu en vain, le tout sur une musique qui s’en va crescendo pour se terminer en queue de poisson. Dans cet album, l’humour et la dérision sont omniprésents.

Tout en étant sarcastique, sur un rythme plutôt lent, « Jack On Fire » a un côté mélancolique incontestable. Tom Hendrickson y joue de la guitare électrique et la voix très spéciale de Tracee Mae Miller n’a pas changé depuis tout à l’heure. Les musiciens créent une cacophonie incomparable pour terminer.

Complainte du ramasseur d’ordures, « Garbage Picker » renoue avec la country traditionnelle. Son caractère satirique crève les yeux et surtout les oreilles. Il y a quelques petites perles dans les paroles. Si vous ne connaissez pas l’anglais, apprenez-le vite.

Caractère satirique tout aussi évident pour « The Hopeless Waltz », la valse sans espoir, qui commence comme un hymne funèbre. La pedal steel y fait merveille. « Jésus me pardonnera peut-être mais pas elle. » ou encore : « Ce qui te rend triste, ce sont tes espoirs fous. » Un hymne à la sagesse façon Blanche, somme toute. Qu’est-ce qu’ils ont tous avec leur religion ?

Très lent, « Wayfaring Stranger » est un morceau traditionnel assez plaintif marqué lui aussi du sceau de la pedal steel. Cela s’éveille un peu par après pour mieux illustrer le propos avec des instruments traditionnels. « I’m going home » constitue l’essentiel des paroles. Comme vos progrès sont déjà sensibles en anglais, pas la peine d’en donner la traduction.

Sur une musique au caractère country très affirmé, « Someday » rappelle un peu la voix de Mick Jagger lorsqu’il prend des intonations country pour les besoins de « Country Honk », par exemple. Mais c’est encore la voix de Tracee Mae Miller qui étonne et fascine. Après un arrêt symbolique un peu supérieur à trente secondes, Blanche nous offre un titre caché traditionnel avec voix masculine à l’avenant. Manifestement, les musiciens s’amusent beaucoup.

Irréprochable sur le plan technique, cet album surprenant et drôle est mieux qu’une promesse. Blanche est un groupe à la personnalité bien affirmée. Son humour décapant est un îlot dans le domaine du rock, qui en manque souvent, mais ce n’est pas le gros rire gras, agricole et porcin. Il est beaucoup plus subtil que ça. Groupe original (il fait un peu penser à The Ugly Buggy Boys, qui se fait rare) à surveiller de très près.

Pays: US
Loose Music VJCD146
Sortie: 2004/09/28

Laisser un commentaire

Music In Belgium