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PARANOID GRILL (The) – Leaves

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Ne vous fiez pas au nom, The Paranoïd Grill est un groupe sérieux, ou qu’il va falloir en tous cas prendre au sérieux. Et ne vous fiez pas non plus à ce nom pour deviner la nationalité du groupe. The Paranoïd Grill n’est pas un groupe américain ou anglais, c’est un groupe belge. Mais la Belgique est indécelable dans la musique de Joachim De Stercke (chant et guitares), S. Suarez (batterie et percussions), Olivier Sierogin (basse) et Thomas Cacciapaglia (claviers et chœurs). Car le son, les compositions, le chant, les ambiances semblent venir du fin fond des États-Unis, quelque part entre Seattle et Detroit, après un petit séjour dans les Rocheuses.

Formé en 2009, The Paranoïd Grill développe des sonorités héritées du rock et du folk américain, démontant et remontant la musique de Bob Dylan, Townes Van Zandt ou Jack White pour se fabriquer un outil personnel lui permettant de percer les mystères des racines musicales américaines. Le groupe acquiert son expérience en se frottant à la scène et en n’hésitant pas à aller tourner aux États-Unis ou au Canada. Ce qui fait sa force, c’est la voix foncièrement originale de Joachim De Stercke, pur produit de la Belgique francophone qui, lorsqu’il chante en anglais, devient l’égal du plus américain des chanteurs américains, avec cette voix pointue et saline qui se fissure lorsque la douleur et la mélancolie passent à travers. De plus, ses compagnons de musique n’ont rien de perdreaux de l’année et les rides qu’ils affichent sont autant de certificats garantissant l’expérience et la maturité de ces instrumentistes à la fois rugueux et sensibles.

La preuve sur pièces avec ce très beau « Leaves », premier album du quatuor qui vient rivaliser directement avec les pontes de la musique roots américaine. On distingue de prime abord une influence Jack White dans le chant, ainsi que du Kings Of Leon première époque dans les ambiances sonores. Mais The Paranoïd Grill déploie également un univers qui lui est propre. On est capté d’entrée par « Naïads », qui sert d’introduction et de leitmotiv puisqu’il revient deux fois en milieu et fin d’album. Autre bel aspect, c’est l’ampleur du son, construit par le producteur Rudy Coclet (Arno, An Pierlé, Sharko, Jeronimo, Girls In Hawaii). The Paranoïd Grill instille à la fois un folk-rock délicat (« Drops in a river ») tout en revenant en force sur des mid-tempos électrifiés (« Roots of remains »).

Mais lorsqu’arrive « Honest voices », on prend sa chaise pour s’asseoir et son mouchoir pour essuyer les larmes : ce morceau est d’une déchirante beauté, tout simplement. Dans ses notes plaintives et son rythme soutenu, on sent se bousculer du Nirvana et du Tim Buckley en même temps, et on en reste pantois. La seconde partie de l’album continue de tenir le niveau bien haut, avec la grâce de « Eternal Moon » ou la simplicité primesautière de « Healing the frontier » (où le chant se fait plus proche de celui de Robert Plant du Led Zeppelin folk). Respect aussi envers « Persephone’s puppet » et un « Working for changes » toutes guitares dehors qui associe avec une extrême subtilité le rock de Neil Young et le clinquant de Cheap Trick.

On tient ici une grande chose, au potentiel considérable. Enfin, c’est le moins qu’on puisse espérer pour ce beau groupe, que l’on pourra voir sur scène lors du festival Under Tower au Tag City (dans le quartier de la gare du Nord à Bruxelles) le 22 juin prochain.

Pays: BE
Topsy Turvy Records
Sortie: 2013/06/22

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