MARVIN – Barry
Trio noisy prog formé à Montpellier en 2003, Marvin propose cette année son troisième album. « Barry » succède ainsi à « Marvin » (2006) et « Hangover the top » (2010), qui révélaient déjà une propension peu commune à créer une musique allant choper, triturer et mélanger diverses influences héritées d’ancêtres comme Led Zeppelin, Black Sabbath, Devo, Brian Eno ou Neu! et en les revisitant sous l’angle d’influences plus contemporaines comme Trans Am ou The Jesus Lizard.
Il faut dire que les gens de Barry sont bien copains avec d’autres combos imaginatifs débordants issus de la jeune scène rock indé française, comme les excellents Pneu, Papier Tigre ou Electric Electric. Ces quatre groupes ont d’ailleurs mis au point un concept appelé la Colonie de Vacances, spectacle quadriphonique plongeant le public entre quatre scènes différentes où les quatre formations combinent leurs répertoires respectifs dans une sorte de grand maelstrom sonore peu banal.
De son côté, Marvin continue ses explorations musicales avec ce « Barry » qui dépose sur la table de nouvelles cartes jusque-là planquées dans les poches du trio. Par rapport à « Marvin » et « Hangover the top », qui développaient un son plus rauque dans un registre à la fois prog et électro dont le point commun est l’énergie des mélodies et la puissance des instruments, « Barry » se veut plus peaufiné au niveau de la production. L’ampleur du son, travaillé au studio Downtown de Strasbourg par Vincent Robert, contribue à donner aux morceaux de l’album un caractère nettement plus prog, un peu à l’ancienne, dans le genre Emerson Lake & Palmer ou Yes. Mais la comparaison s’arrête là car Marvin assène sur ce matelas progressif des assauts électriques nerveux et efficaces.
On démarre d’ailleurs dans des ambiances plutôt stoner avec le premier morceau « Tempo fighting » qui met tout de suite les pendules à l’heure : ça va envoyer le bois pendant un peu moins de 36 minutes, timing parfait pour permettre à l’auditeur de rentrer dans le jeu tout en ne trouvant pas le temps trop long. La suite est également marquée du sceau de l’instrumental, qui règne quasiment sur tout l’album (sauf sur le bien nommé « As noisy as possible », qui contient des parties chantées). Ne négligeons pas non plus le travail de titan de la batterie, dont le pilote effectue à tour de bras de rageuses cavalcades sur les fûts, complétées par un clavier aux visages multiples qui fait office de section rythmique.
Après, ce n’est que du bonheur. « Automan » roule sur un circuit rythmique effréné, « Giorgio Morricone » fait monter petit à petit la tension, « Barry » fait dans le sautillement maniaque et « The dark sheep » abat une pompe à transformer Muse en petit groupe électro minimaliste. On arrive sans encombre au bout de l’album avec un feu d’artifice plein la tête et les décibels qui se télescopent dans le cervelet.
Marvin passera en Belgique du 25 au 27 mai (Bruxelles : Bed & Breakfast à Anderlecht ; Mons : Le Bateau Ivre ; Liège : Le Fiacre). Voilà une excellente occasion de faire connaissance avec ces surdoués.
Pays: FR
Africantape Records
Sortie: 2013/06/03