SWANS – the seer
Swans est un groupe à part. Un cas unique et fascinant de groupe extrême à tout point de vue. La carrière de Swans a débuté dans le New York des années 80 par des sons avant-garde/bruitistes, rugueux et malsains jusqu’aux frontières de l’humainement supportable. Ceci jusqu’au virage mélodique opéré sur « Children of god » en 1987, qui prenait un ton plus “classique” avec des chansons plus écoutables, mais sans rien perdre de cette puissance ébouriffante et de cette noirceur au pouvoir d’attraction/répulsion sans égal. La voix caverneuse et sombre de Michael Gira, du genre à faire passer Johnny Cash ou Andrew Eldritch pour des castrats, étant pour beaucoup dans l’étrangeté du son Swans.
S’ensuivit une période à la fois très productive, tant en quantité qu’en qualité, avec des albums comme « The burning world » (que Gira renie pourtant violemment aujourd’hui) et surtout le diptyque « White light from the mouth of infinity » – « Love of life » en 1991 et 1992, considérés par beaucoup comme leur sommet. La fin de Swans en 1996 suite à la brouille entre Gira et sa complice de toujours Jarboe sera donc une nouvelle désolante pour leurs fans. Gira lance un nouveau groupe du nom de Angels Of Light mais ce ne sera jamais tout à fait comme avant.
Divine surprise, Swans sortent en 2010 le très beau « My father will guide me up a rope in the sky » et aujourd’hui ce double album « The Seer ». Et ce n’est peut-être plus tout à fait de la musique au sens où on l’entend habituellement…
L’écoute d’un album des Swans a toujours eu quelque chose d’une épreuve physique, l’intensité et l’incandescence de leur musique n’étant égalée que par bien peu de monde (Wovenhand peut-être ?) et ce n’est pas cet album fait de très longues plages (32 minutes pour la plage titulaire !) hypnotiques, à la fois envoûtantes et brutales, répétitives et lancinantes sans pour autant paraître monotones, construites chacune comme une histoire, avec des climax décoiffants, qui va arranger les choses. C’est le son des dieux qui font l’amour à la terre, le son des enfers rejaillissant par la gueule d’un volcan, le son des corps célestes s’écrasant les uns contre les autres en un big crunch inimaginable, le son des Titans déchirant la terre pour aller faire la guerre aux Olympiens…
Difficile de sortir l’un ou l’autre morceau du lot. J’ai rarement entendu un album d’une telle densité, au point d’en être physiquement difficile à écouter, « The Fragile » de Nine Inch Nails étant le seul équivalent auquel je pense. Cet enregistrement absolument sans la moindre concession est impossible à aborder avec tiédeur. Vous adorerez ou vous détesterez.
Pays: US
Young God Records
Sortie: 2012/08/27