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PILLOW – Pillow

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Uniquement instrumental, composé de Aurélien Dujardin, batterie, Benjamin Bleuez, claviers, guitare, Cédric Baudru, basse, Dimitri Toebat, guitare, et Guillaume Vilain, guitare, composition et arrangements, le groupe franco-belge Pillow joue du post rock mais sans le côté abstrait et théorique.

C’est un groupe homogène qui paraît soudé. Moyenne d’âge : 25 ans. En tout cas, leur musique très « propre » va rapidement à l’essentiel et est intéressante à plus d’un titre. Elle est bien produite même si les moyens ne sont pas énormes. Ils se disent influencés par dEUS, Joy Division ou Interpol mais cela n’apparaît pas vraiment.

« Higher » débute par les guitares qui donnent le thème musical principal. Intervient ensuite la batterie, puis c’est la basse et enfin le synthé. Cela donne une musique qui s’enrichit par couches successives pour former un magma dominé par les guitares bien soutenues par la rythmique et auxquelles le synthé donne une réplique magnifique. Cela se termine brutalement.

« Enjoy » est un peu de la même veine au début mais sous l’impulsion des guitares, on verse rapidement dans un rock vitaminé par un Aurélien Dujardin très en verve. Le thème joué, accompagné par le synthé, est suffisamment riche pour tenir en haleine pendant tout le morceau.

Au début, « Corner Fire » est un court et très doux morceau d’anthologie dominé par le synthé, relayé par une batterie musclée qui apporte du relief. Le rythme augmente progressivement et les guitares ont le très grand mérite de n’être jamais envahissantes. Elles se cantonnent dans leur rôle respectif avec beaucoup de sagesse et d’à-propos. C’est suffisamment rare pour être souligné et ça donne un résultat décapant.

« Venizia » est un rock qui rappelle un peu, très peu, Sonic Youth par l’attaque des guitares mais, malgré l’absence de violon ou de violoncelle, c’est plutôt à Sweek que l’on pense. Les guitares dominent mais le synthé donne la réplique et « habille » en quelque sorte la musique. Au total, un bon morceau joué avec beaucoup de discernement.

« Birth Dead » a un côté classique incontestable, tant le thème principal est mis en valeur et fait l’objet de variations imperceptibles. De nouveau, les instruments viennent s’ajouter par couches pour parfaire une petite symphoniette gentille. Le seul reproche que l’on puisse faire est le côté un peu trop répétitif de certains passages. Par contre, la fin, discrète et subtile, est irréprochable.

« As You Want » est aussi une pièce intéressante de l’album, qui fait penser à Sweek et à Mud Flow. Rien que des références intéressantes : le rock belge peut maintenant se regarder dans la glace. Et ce ne sont que deux exemples parmi beaucoup d’autres.

Tube en puissance, avec la basse en vedette et un côté électronique prononcé, « Discotek » se dégage naturellement de l’ensemble, comme si les autres morceaux convergeaient naturellement et à dessein. En tout cas, ce dialogue des guitares, très feutré, est du meilleur goût mais il serait injuste de ne pas mentionner la très efficace section rythmique qui imprime un tempo remarquable d’efficacité. Pas loin de cinq minutes de bonheur. Vraiment remarquable.

« Little Slow » a un côté musique d’église style réforme après Jean XXIII, du temps où on croyait que le catholicisme s’étiolait uniquement par le manque de modernisme du rituel (le problème était bien plus profond). Cette belle musique calme, où Benjamin Bleuez montre tout son savoir-faire, est néanmoins bien agréable à écouter.

« Allah Deus » débute par la batterie qui imprime un rythme soutenu à ce titre. Les guitares s’imbriquent dans ce morceau par un thème qui s’imprègne de variations répétées « ad libitum » pour former un ensemble cohérent. Espérons que les religions intolérantes en prennent de la graine.

« Star Guitar » est un beau et long morceau interrompu vers la fin par un long silence. Vous savez ce que j’en pense, d’autant plus que l’attente n’est vraiment pas récompensée. Pour nous servir ça, il aurait mieux valu nous chanter « Au clair de la lune ». Mais c’est finalement un détail en regard du reste, qui est loin d’être mauvais.

Ce groupe prometteur, sans chanteur ou chanteuse, a le mérite de choisir une voie difficile et s’en tire fort bien, même si le côté répétitif de certains thèmes est parfois lassant. Mais il y a une unité de ton et un style personnel qui séduit. A signaler aussi une couverture de livret dans l’air du temps.

A l’occasion de la sortie de cet album, Pillow donne un concert gratuit à Péruwelz le 21 janvier 2005. Consultez l’agenda pour les détails pratiques. Nous vous avons dit tout le bien que nous pensons du Phoenix Club de Liège : ils y seront le 10 février dans le cadre des jeudis indépendants. Ils seront aussi à Tournai le 12 février et à Mouscron le 18 mars. Ne les manquez pas ; fermez les yeux et ouvrez grandes les oreilles.

Pays: BE
Carte Postale Records / Bang! cd.cap7
Sortie: 2005/01/21

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