SOFT MACHINE LEGACY – Burden of Proof
Né officiellement en 1966, Soft Machine étonne encore de nos jours. Dans les années soixante et septante, il fut novateur et dynamique, en constante mutation, mêlant divers courants du Jazz et du Rock. Groupe d’une instabilité chronique, il vit défiler une pléiade de participants, même occasionnels, qui le stimulèrent en apportant à chaque fois leur spécificité. Après un dernier sursaut prometteur au début des années quatre-vingt (« Land of Cockayne »), il se dilua autant par lassitude que par manque d’intérêt du public de l’époque. À travers le temps, de multiples projets satellites menés avec des « ex » germèrent, avec succès parfois.
Parmi ceux-ci, en 2002, Soft Works se constitua par la réunion de quatre de ses anciens piliers, Allan Holdsworth, Elton Dean, Hugh Hopper et John Marshall. Bien accueilli par le public, le projet méritait d’être poursuivi malgré le départ d’Allan Holdsworth. Avec le même remplaçant qu’en 1975, John Etheridge, les trois rescapés constituèrent le Soft Machine Legacy.
Depuis, de nombreuses tournées ont été programmées et trois disques de bonne facture publiés : « Soft Machine Legacy » (2006), « Steam » (2007) et « Live Adventures » (2009). Les décès successifs d’Elton Dean (1945-2006) et de Hugh Hopper (1945-2009) n’ont amené ni rupture, ni altération de qualité.
Le nouvel opus, « Burden of Proof », en est encore la preuve. Il ne déçoit jamais. Le Jazz-Rock y domine, sous différentes formes il est vrai. La part du Psychédélisme est réduite et modernisée (« They Landed on a Hill »), plus encore que celle du Free (« The Brief »).
Tant à la composition qu’aux instruments, Theo Travis et John Etheridge font preuve de beaucoup de diversité et d’inspiration. Leurs nombreux projets parallèles leur permettent de bien rester dans la course aux idées. Ces deux virtuoses aiment s’exprimer en solo et ne manquent jamais d’espace pour le faire. Rapidité, précision, fluidité et élégance caractérisent le guitariste ; brillance, variété et audace maîtrisée précisent au mieux les talents du souffleur. À la rythmique, le duo de septuagénaires fait rêver, peut-être plus encore qu’à l’époque de « Seven » et « Bundles » où le bassiste apparaissait parfois trop en retrait par rapport à un batteur particulièrement percutant. Ici, bien en ligne, ils forment un tandem idéal.
Au final, chaque plage mérite une attention particulière. On pointera tout de même le sublime « Black and Crimson » avec ses remarquables solos et sa rythmique royale, ainsi que « Pump Room », saccadé et ouvert aux dialogues entre guitare et saxophone ; autres tout bons moments, le chaleureux « Pie Chart » et le délicat « Kitto » interprété par le guitariste seul.
En conclusion, Soft Machine réussit un tout bon album. Il doit cependant continuer sa cure de rajeunissement pour survivre. Un gamin de quarante-neuf ans et trois papys entre soixante-cinq et septante-trois ans ne représentent pas vraiment l’avenir d’un groupe qui pourtant en mérite un.
Les titres (55’14) :
- Burden of Proof (Etheridge)(5’51)
- Voyage Beyond Seven (Travis)(4’54)
- Kitto (Etheridge)(1’51)
- Pie Chart (Etheridge)(5’07)
- JSP (Marshall)(1’03)
- Kings and Queens (Hopper)(6’46)
- Fallout (Travis)(7’00)
- Going Somewhere Canorous ? (Babbington/Marshall)(1’14)
- Black and Crimson (Travis)(5’05)
- The Brief (Marshall/Travis)(2’28)
- Pump Room (Etheridge)(5’19)
- Green Cubes (Babbington/Etheridge/Marshall/Travis)(5’33)
- They Landed on a Hill (Etheridge/Travis)(3’03)
Les interprètes :
- Theo Travis : Saxophone Ténor, Flûte & Piano Fender Rhodes
- John Etheridge : Guitares électriques
- Roy Babbington : Basse
- John Marshall : Batterie & Percussions
Pays: GB
Esoteric Antenna EANTCFD 1015
Sortie: 2013/03/25