KAT (The) – The Kat is back in town
Tout vient à point pour qui sait attendre. En effet, ce proverbe ne s’est jamais aussi bien vérifié que dans le cas de Katia Perrin, connue sous le surnom de The Kat, et qui a attendu près de quinze ans pour sortir un premier album. Vous aurez compris qu’avec une telle patience, cette Française n’était pas pressée de se lancer dans le dernier style à la mode destiné à attirer les jeunes écervelées et leur prendre leur pognon aussi vite que possible avant de disparaître dans l’oubli. Non, le créneau et le credo de The Kat, c’est le blues, le vrai, l’éternel, avec une petite touche de jazz et soul pour mettre un peu plus de piment à la chose.
On trouve la trace de The Kat à New York en 1997, lorsqu’elle accompagne le groupe de Buddy Miles, légendaire batteur qui joua jadis avec Jimi Hendrix. De retour en France en 1999, The Kat est invitée par le non moins prestigieux Lucky Peterson, qu’elle rejoint sur les scènes de Montpellier, Paris et du festival blues de Bagnois. Plus tard, the Kat aura l’occasion de se produire auprès de musiciens chevronnés comme Bernard Allison, Ron Smyth, Jimmy Johnson, Tom Principato, Maceo Parker, Kenny Deal, ainsi qu’avec son vieux camarade Boney Fields. Bonny Fields est un peu l’ange gardien de The Kat. Il la connaît depuis 1996 et c’est tout naturellement qu’il arrange et produit son premier album, ce « The Kat is back in town » qui sort sur le label Blues Boulevard.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la conception de cet album a été une longue entreprise. The Kat avait des exigences, elle voulait des chansons bien blues, mais non dénuées de rock, avec si possible des éléments jazz et des accroches un peu funky. Bref, on se serait cru avec Madame au rayon lingerie de chez Inno en plein milieu des soldes : patience et longueur de temps… De plus, The Kat voulait la crème des compositeurs pour lui tricoter des chansons au top en matière de blues et de funk. Elle est donc allée chercher Kevin Bowe, qui avait tressé de belles chansons pour Etta James sur son album « Let’s roll » en 2003. Bowe écrit quatre chansons pour The Kat, auxquelles s’ajoutent cinq autres titres concoctés par Boney Fields. Les années passent, on est alors en 2009-2011 et The Kat continue sa chasse aux bonnes chansons, avec « Lipstick and tears » et quelques autres morceaux écrits par Guy Hans, un compositeur découvert sur Internet.
Enfin, quand tous les titres sont rassemblés, The Kat s’enferme au Wise Studio de Ris-Orangis avec une brochette enviable de musiciens, une bonne dizaine en tout, choristes compris, ainsi qu’avec quelques invités de marque : Kenny Neal (guitare), Jean-Jacques Milteau (harmonica), Gérald Renard (guitare), Bruno Chambaudet (percussions) et Alex Soubry (guitare). L’indispensable Boney Fields opère à la trompette et assure les arrangements et la production.
Et le résultat est là : « The Kat is back in town » offre une douzaine de titres chaloupés entre blues, rock, funk et belle ballade. La voix d’airain de la belle tonne magnifiquement dans tous les styles et dans tous les registres. On remarquera particulièrement « I’m the Kat » qui démarre le disque en fanfare, le gros boogie blues de « I’m a woman », les feulements de guitare sur « The trains », les enivrantes ballades de « Never felt no blues » et « Love on the run », le clinquant des cuivres sur « Lipstick and tears », les intonations quasi rock sudiste de « Not that kind of girl » ou le blues façon big band de « The golden key ».
Voilà un bon disque empli de sonorités classiques et bien faites, servies par des musiciens qui savent quoi faire de leurs doigts et qui savent parfaitement mettre en valeur le talent vocal de Katia « The Kat » Perrin. Ça valait le coup d’attendre.
Pays: FR
Blues Boulevard 250345
Sortie: 2013/04/12