DERAIME, Bill – Après-demain

Avec 66 années de vie au compteur, Bill Deraime pourrait imaginer une retraite paisible à faire des mots croisés et soigner ses rhumatismes au soleil. Mais cet éternel jeune homme mordu par le virus du blues dès l’enfance ne peut s’empêcher de toujours la ramener et reprendre son bâton de pèlerin pour la cause du blues.

Oui, le blues, c’est la vie de Bill Deraime, et c’est son sacerdoce depuis maintenant cinq décennies. L’homme a connu le succès dans les années 80 avec son hit « Babylone tu déconnes » mais on ne saurait limiter sa carrière à cette seule chanson. Avec une quinzaine d’albums sous le bras depuis trente ans, Bill Deraime a eu l’occasion de décliner son blues sous toutes les formes, à toutes les sauces et sous tous les angles.

C’est avec une petite touche reggae que Bill Deraime aborde son nouvel album. On la trouve sur quelques morceaux et elle est sans doute due à la présence dans le studio de Jean Roussel, un organiste venu de l’île Maurice et qui a acquis ses galons en tant qu’arrangeur de Bob Marley ou claviériste chez Serge Gainsbourg, Police, Cat Stevens, Ron Wood ou Julien Clerc. Roussel participe à l’ensemble de l’enregistrement d’« Après-demain », où Bill Deraime opère également avec son groupe de scène. Cerise sur le gâteau : l’expérimenté guitariste français Fred Chapellier vient rajouter quelques couches savoureuses de six-cordes, un plaisir difficile à bouder.

On retrouve ici l’univers cher au bon Bill, les portraits touchants de perdants magnifiques (« La pieuvre », « Rien d’nouveau », « Le vieil homme »), de superbes odes à l’amour (« Mon obsession », « Après-demain »), les cris contre l’injustice (« Esclaves ou exclus », « Y en avait marre ») ou de bons vieux délires cocasses (« Bobo boogie »). Bill Deraime se fend également de deux reprises intéressantes : « Les cactus » de Jacques Dutronc dans une version nerveuse et un hommage au Reverend Gary Davis (1896-1972), chanteur de blues et de gospel (« Death don’t have no mercy »).

Après son précédent album, l’excellent « Brailleur de fond« , voici un autre joli coup signé Bill Deraime, toujours animé de sa foi en l’amour et dans le blues, et toujours marquant avec sa voix cassée et baroque.

Pays: FR
Dixiefrog
Sortie: 2013/03/26