MORGANFIELD, Mud – The blues is in my blood
Il ne doit pas se passer tous les jours des choses excitantes dans les îles anglo-normandes. Alors, quand Mud Morganfield est venu se produire en juin 2008 au Drift Bar du Royal Yacht Hotel de Saint-Hélier dans l’île de Jersey, cela a dû être une grosse fête pour les amateurs de blues du coin. Et heureusement, tout ceci a été enregistré sur bande et sort maintenant chez le label Blues Boulevard.
Mud Morganfield, ce nom ne laisse pas indifférent. Morganfield, tous les esthètes le savent, est le vrai nom de Muddy Waters (1913-1983), véritable pape du blues de la fin des années 40 au début des années 80. Et Mud est bien sûr un clin d’œil à Muddy. Pour tout dire, Mud Morganfield n’est ni plus ni moins que le fils aîné de Muddy Waters, né en 1954 et venu au blues assez tardivement.
Le fils du grand homme a, comme son père, commencé à travailler dans le transport routier. Ce n’est qu’à la mort de Muddy Waters en 1983 que Larry « Mud » McGhee (du nom de sa mère) devient Mud Morganfield pour entreprendre la préservation de l’héritage musical de son père et se mettre lui-même à la musique. C’est une chance car Mud Morganfield, non content de ressembler physiquement à son géniteur, possède exactement la même voix.
C’est donc une véritable réincarnation de Muddy Waters qui se présente sur scène un soir de juin 2008, en compagnie des Dirty Aces. Ce groupe d’accompagnement tourne aussi souvent de lui-même en Grande-Bretagne et en Europe et possède comme frontman un extraordinaire harmoniciste du nom de Giles Robson, dont on avait pu récemment apprécier l’album « Crooked heart of mine« sorti en 2012. À l’occasion de ce concert anglo-normand avec Mud Morganfield, les Dirty Aces se composaient également de Filip Kozlowski (guitare), Paul Bisson (batterie) et Tim Byron (basse).
Il ne faut pas s’étonner de voir surgir dans le répertoire de Mud Morganfield des tas de morceaux écrits par son glorieux ancêtre. On commence sur les chapeaux de roue avec « Walkin’ through the park », puis « Forty days and forty nights » et bien sûr interviennent un peu plus tard les immortels « Hoochie coochie man » et « Mannish boy ». On profite également de « You gonna miss me » et « I’m ready », autres standards moins connus de Muddy Waters mais tout aussi jouissifs, surtout dans les excellentes versions qui sont rendues sur ce concert. L’harmonica de Giles Robson fait merveille, notamment sur « What is that that you got? », un des rares titres qui ne soit pas de Muddy Waters.
La section rythmique impeccable, les solos de guitare ciselés de Filip Kozlowski et la voix de stentor de Mud Morganfield sont un véritable miel qui coule dans nos oreilles. L’album contient quelques bonus, dont une version rurale et en studio de « Good morning little school girl ». Une interview de six minutes terminant le disque permet de faire la connaissance de ce Mud Morganfield qui tient avec brio sur ses épaules l’héritage imposant du grand et éternel Muddy Waters, dont on fêtera le centenaire le 4 avril prochain.
Pays: US
Blues Boulevard 250344
Sortie: 2013/04/01