DECAMPS, Francis – Caricatures
Comme promis, voici donc venir la chronique de l’opus en solo du chef d’orchestre du groupe français Gens de La Lune avec, comme ligne directrice, la revisite d’un album paru en 1972 et qui marqua les esprits dans le monde du rock français. Pour cet exercice de style, Francis s’est fait épauler par son vieil ami Jean-Philippe Suzan ainsi que par le fils de son propre frère, Tristan Décamps. Vient en renfort Dominique Léonetti, membre du groupe Lazuli. Sachez que la démarche de remettre au goût du jour cette oeuvre chargée d’émotions et de souvenirs va certainement encore marquer les esprits. Rappelons encore si vous le voulez bien que le travail des deux frères Décamps, a définitivement marqué de son empreinte le devenir du rock français.
Percussions et orgues en avant pour lancer l’intro « Biafra 80 » qui place d’emblée une ambiance vintage, toute seventies. Musique de chambre, musique d’opéra ou de fête foraine avant l’entrée en jeu de la guitare électrique. Ce sont ces mêmes orgues qui ouvrent « Tels quels » où un chant théâtral se décline en sauts d’humeur. Entre narration et comédie, les lignes vocales nous emportent en présence d’envolées de guitare et de claviers. Accrochons-nous s’il vous plaît, sinon vous perdrez pied ! Ambiance mystérieuse pour le début de « Dignité » avant de partir sur un tempo rythmé par la grosse caisse et les percussions. Les claviers sont eux aussi sautillants. Quant au chant, il est ici plus posé avec toujours des textes très travaillés, chevaleresques même. L’orgue et la section rythmique mènent la danse au sein d’une très belle composition dont le final est plus fouillé avec, entre autres, l’intervention du piano, des synthés et de la guitare. Un final génésien !
« Le soir du diable » est lui aussi un morceau qui marque. Synthés et orgues pour envelopper ce chant toujours aussi particulier. Une rythmique soul nous permet de nous laisser aller, notre esprit vagabondant avec légèreté. Belle réussite encore avant la plage titulaire, un épique de près de quatorze minutes. « Caricatures » commence par une narration rude, voire limite grossière, puis viennent alors les claviers qui ouvrent l’espace pour les percussions. Plusieurs ambiances se suivent sans se ressembler avec beaucoup d’ampleur, semblable au rock progressif anglais. Musique des grands péplums romains et démonstrations techniques à la limite du psychédélisme pour un tout grand moment ! Le piano apporte un peu de douceur pour un final toujours très enjoué. Magnifique composition ! Retour de « Biafra » pour clôturer l’album avec un démarrage psychédélique et décalé. Les orgues font toujours prendre la sauce dans un tourbillon de notes démonstratives.
Je peux maintenant mieux comprendre l’impact de cet album en 1972 et je pourrai mieux comprendre tous les nostalgiques qui se rueront sur cette nouvelle mouture, laquelle apportera surtout un confort d’écoute vu le bon niveau de mixage. Pour les autres, « Caricatures » fait partie intégrante de l’histoire du rock de l’Hexagone. Alors, qu’attendez-vous pour découvrir cette pièce d’anthologie ?
Pays: FR
Autoproduction AAA 0016
Sortie: 2013