INTRONAUT – Habitual levitations
Après un « Valley of smoke« qui avait fait très belle impression en 2010, les Angelinos d’Intronaut reviennent avec leur quatrième œuvre qui s’inscrit dans la droite ligne de leurs disques précédents. Après « Void » (2006), qui servait de préparation à l’avenir, un « Prehistoricisms » (2008) nettement plus marqué, l’excellent « Valley of smoke » (2010), voici un « Habitual levitations » qui rassemble la somme des connaissances acquises par le groupe au cours de sa carrière, commencée en 2004.
Sacha Dunable (guitare et chant), Joe Lester (basse), Dave Timnick (guitare, chant, percussions) et Danny Walker (batterie) ont pris leur temps pour enregistrer, après quelques années bien occupées à défendre « Valley of smoke » sur scène, notamment en première partie de Tool, Meshuggah ou Animals as Leaders. Le groupe s’est enfermé en studio avec de fins connaisseurs des tables de mixage, John Haddad (Exhumed, Phobia) et Derek Donley (Bereft). Ceux-ci ont réussi à capter au mieux les sonorités atmosphériques et puissantes développées par Intronaut, qui signe avec « Habitual levitations » son disque le plus pensé, le plus subtil et le plus cohérent.
L’ambiance générale est au recueillement, à la rêverie, de temps en temps traversée par des écoulements de guitares épaisses toujours servies par une rythmique à la technicité irréprochable. Le batteur Danny Walker effectue un travail de colosse en termes de polyrythmie, toujours à la pointe pour imposer des breaks et enchaîner sur des tressages complexes. Son camarade Joe Lester est toujours dans son sillage, lui collant au train à chaque instant (« Milk leg »). Intronaut abandonne un peu le sludge et le postcore pour s’abandonner plus volontiers à des constructions progressives qui rappellent Tool ou Porcupine Tree, voire Opeth. L’ombre de Neurosis et Isis est un peu plus en retrait sur cet album, qui offre neuf plages dont les durées dépassent souvent les six minutes, parfois les huit.
La longueur des morceaux permet à Intronaut de tisser des tableaux sonores denses et variés, où chaque instrument est à sa place. La rigueur des compositions permet également des échappées cosmiques agrémentées de solos enchanteurs (« Harmonomicon »). De la rocaille stoner s’échappe parfois de cet ensemble feutré, histoire de remettre de l’action (« Eventual »), et le disque s’achève avec l’ambitieux « The way down », une sorte de synthèse en neuf minutes de tout ce qu’Intronaut a apporté de bonnes idées dans ce « Habitual levitations » (avec une petite surprise à la fin). Impressionnant et hautement respectable.
Pays: US
Century Media
Sortie: 2013/03/18