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DYBLE, Judy – Talking with strangers

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Les amateurs de folk anglais soulèveront un sourcil en entendant le nom de Judy Dyble. Cette honorable sexagénaire a un passé assez chargé sur la scène folk anglaise des années 60 et 70 puisqu’elle a été la première chanteuse du légendaire Fairport Convention et qu’elle a également fait partie d’un autre groupe folk mythique, Trader Horne.

Judy Dyble a 18 ans lorsqu’elle intègre Fairport Convention, un des groupes fondamentaux de la scène folk rock anglaise, connu pour avoir abrité Sandy Denny comme chanteuse. Mais avant Sandy Denny, c’est bien Judy Dyble qui chante sur le premier album du groupe de Simon Nicol et Richard Thompson, qui sort en 1968 et qui porte simplement le nom de « Fairport Convention ». Durant cette période, Judy Dyble participe également au troisième album de l’Incredible String Band (« The hangman’s beautiful daughter », 1968) et fréquente les stars du moment, Jimi Hendrix et Syd Barrett en tête.

Elle quitte Fairport Convention en 1968 pour rejoindre Giles, Giles & Fripp, groupe monté par Robert Fripp qui n’est pas encore le leader de King Crimson. C’est son petit ami de l’époque, Ian McDonald, qui est à l’origine de cet engagement. Lorsque Judy Dyble rompt avec McDonald et que celui-ci rejoint King Crimson, elle part chanter chez Trader Horne avec l’ex-Them Jacky McAuley, rencontré par l’intermédiaire de Pete Sears, un musicien de session qui commence par jouer avec eux avant de partir, laissant Trader Horne sous la forme d’un duo. L’existence de Trader Horne est courte mais elle voit le groupe réaliser un des grands albums de l’ère folk psychédélique anglaise, « Morning way » (1970).

Puis en 1973, Judy Dyble se retire de la musique. Elle devient libraire dans l’Oxfordshire et coule des jours heureux et tranquilles avec son mari et ses enfants. À la mort de son mari en 1994, Judy Dyble ressent à nouveau l’appel des sirènes de la musique. Cela se fera progressivement. D’abord, par des interventions lors des concerts de reformation de Fairport Convention, puis avec deux albums à tirage très limité en 2004 et 2006 (« Enchanted garden » et « Songs from the spindle and the whorl »).

En 2008, Judy Dyble se met à l’écriture d’un nouvel album. « Talking with strangers » sort d’abord en 2009 et connaît des rééditions successives, au fur et à mesure que le disque gagne en notoriété. Aujourd’hui, une réédition par le label Gonzo Multimedia permet de découvrir ou redécouvrir cet album, fait par Judy Dyble dans les règles de l’art avec de vieux compagnons des Sixties (Simon Nicol, Ian McDonald, Tom Bowness et même Robert Fripp, entre autres).

Un folk classique, un rien psychédélique, vient hanter les sept morceaux, augmentés de deux titres bonus. De la grâce dentelière de « Never knowledge », en passant par les coloris diaphanes de « Jazzbirds » et la reprise du « C’est la vie » d’Emerson Lake & Palmer (à cause de Greg Lake, qui débuta dans King Crimson aux côtés de Robert Fripp, collègue de Judy Dyble dans Giles, Giles & Fripp?), l’album « Talking with strangers » nous emmène sur de belles routes cotonneuses et tranquilles. On chemine alors dans des morceaux qui reviennent toujours sur les mêmes mélodies, inquiet de sombrer dans une relative routine. Mais les 20 minutes de « Harpsong » viennent mettre un peu de mordant à cet ensemble. Certes, le morceau commence dans les limbes du paradis hindou, avec voix vaporeuses et gentilles giclées de harpe. Du saxophone et des tam-tams viennent se mettre de la partie dans un épisode qui s’annonce space-rock puis tout à coup, c’est le choc avec une énorme pulsion heavy rock qui vient tout aplatir, un truc énorme à la King Crimson. On comprend mieux ce morceau quand on lit que Judy Dyble a voulu mettre dans cette chanson divers épisodes de sa vie et de sa carrière musicale, comme un résumé de son existence.

Voilà qui remet un petit coup de fouet à l’ensemble et permet de terminer l’album sur une bonne note à l’écoute de « Sparkling » et « Waiting », deux jolis titres en bonus. Le tout est donc recommandé pour ceux qui apprécient le folk anglais classique et ceux qui veulent découvrir la personnalité attachante de Judy Dyble, une grande dame un peu oubliée, ce qui est injuste.

Pays: GB
HST123CD
Sortie: 2013/01/29 (réédition, original 2009)

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