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CLARK JR., Gary – Blak and blu

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Certains le comparent déjà au nouvel Hendrix, rien que ça. Sans monter Gary Clark Jr. à un tel pinacle, nous dirons cependant que le bonhomme a un potentiel énorme pour relancer le blues du Texas et rejoindre ses glorieux prédécesseurs Johnny Winter, Stevie Ray Vaughan ou ZZ Top. À la guitare, le type est capable de solos monstrueux. Au chant, sa voix versatile est capable de s’insinuer dans tous les registres et sonne toujours juste.

Le public américain ne s’y est pas trompé et a hissé l’album « Blak and blu » jusqu’à la première place de la section blues du Billboard et à la sixième place du classement général. Le magazine Rolling Stone a quant à lui classifié le disque à la 27e place des meilleurs albums de l’année 2012. Impressionnant…

Et effectivement, le moins que l’on puisse dire est que ce « Blak and blu » est une véritable avalanche de sons bruts, de guitares franches du collier et de feeling majestueux. Premier constat : Gary Clark est un guitariste au son massif et impérial. Son instrument dévale les solos avec brio et transforme « Ain’t messin’ round », « When my train pulls in » ou le bon gros binaire « Travis county » en festivals artificiers qui fragmentent les tympans et envoient l’auditeur dans un circuit de formule 1 rock et blues.

Il y a cependant quelques petites choses inquiétantes qui viennent se glisser dans le lot, le genre intrus ou passagers clandestins. Le rap R ‘n’ B de « The life » est une véritable faute de goût au milieu de ce dispositif blues rock nerveux et fier. On se croirait chez Alicia Keys ou les Black-Eyed Peas, faut quand même pas pousser. On pouvait encore fermer les yeux devant le dansant « Blak and blu », flirtant avec un funk mielleux à la Marvin Gaye, mais « The life » fait tache. Heureusement, Gary Clark Jr sort brutalement de cette torpeur pour plaquer des accords de colosse sur un « Glitter ain’t gold (Jumpin’ for nothin) » qui rejoint la philosophie de Lenny Kravitz. On se déplace ensuite du côté des Black Keys ou des White Stripes avec l’imposant « Numb », gonflé à la testostérone de mammouth. Puis c’est du quasi doo-wop à la Platters sur « Please come home ». Pas de doute, Gary Clark Jr. sait tout faire de ses dix doigts et de ses cordes vocales, mais a-t-il une vision réellement personnelle de la musique qu’il joue ?

Autant faire des reprises, alors. Tiens, justement, voilà une version du « Third stone from the sun » de Jimi Hendrix. Débuts cérémonieux, saint-sulpiciens, puis une guitare sonnant comme un turboréacteur au ralenti lance une réécriture gigantesque de ce titre de 1967, plaquée funk et repiquée au blues quand Clark l’enchaîne à une autre reprise, le « If you love me like you say » de Little Johnny Taylor ponctué de petits effets hip-hop. Puis Hendrix revient dans la course et la guitare de Clark prend des allures de fusée en partance pour Neptune. Grand, magnifique.

Il n’y a plus qu’à se finir avec le mid-tempo funko-stoner électronique de « You saved me » et le blues rural dépouillé de tout de « Next door neighbor blues » pour ressortir de cet album avec l’impression d’avoir passé un excellent moment mais en n’étant pas tout à fait convaincu de l’aspect révolutionnaire de la musique de Gary Clark Jr. Ce premier album sur une major (Warner Bros.) est une belle entrée en matière mais Gary Clark Jr. devra se montrer plus visionnaire sur ses prochaines œuvres s’il ne veut pas finir coincé entre Lenny Kravitz et Joe Bonamassa sans espoir de se détacher du peloton.

Pays: US
Warner Bros
Sortie: 2013/02/15

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