LAKE, Greg – Songs of a lifetime
Greg Lake est l’un des musiciens cruciaux de la scène rock progressive anglaise, grâce à sa participation à deux groupes fondamentaux du mouvement : King Crimson et Emerson, Lake & Palmer (ou ELP pour faire simple). Greg Lake vient d’avoir 21 ans quand il fonde King Crimson avec son copain d’école Robert Fripp en janvier 1969. Le groupe s’impose d’office comme une force majeure du rock progressif naissant avec son immortel « In the court of the crimson king » qui sort fin 69 et qui est tout simplement le chef-d’œuvre capital du prog anglais. Essayez de trouver mieux que ça et je vous souhaite bien du plaisir.
Greg Lake ne reste pas trop longtemps dans King Crimson et se laisse séduire par les sirènes émises par Keith Emerson qui cherche en 1970 à créer un super-groupe de super-musiciens. Keith Emerson est l’ancien claviériste de The Nice, un groupe précurseur en matière de pop mélangée à de la musique classique. Avec Greg Lake comme bassiste, il embauche également Carl Palmer, précédemment batteur du Crazy World of Arthur Brown et Atomic Rooster. Le trio va traverser les années 70 avec une série d’albums outrageusement techniques, grandiloquents et dont « Tarkus » (1971) représente la quintessence de son style.
Devenu rock star, Greg Lake met en place son propre label en 1973, la maison Manticore qui sortira quelques groupes intéressants, comme Spontaneous Combustion, Stray Dog ou Keith Christmas. Après la dissolution d’Emerson, Lake & Palmer, Greg Lake participe un court moment (1983) au projet Asia, un autre célèbre super-groupe progressif assemblant des musiciens venus de Yes (Steve Howe, Geoff Downes) et Emerson Lake & Palmer (Carl Palmer, en fait). Après avoir reformé ELP durant les années 90, Greg Lake mène depuis une prestigieuse carrière solo et participe à divers projets, dont l’All Star de Ringo Starr.
À l’issue de cette riche carrière, Greg Lake peut s’enorgueillir de faire partie des brahmanes du rock anglais. En écrivant son autobiographie « Lucky man », Greg Lake a eu l’idée d’une tournée dans laquelle il retracerait sa carrière à travers les plus importantes chansons de son œuvre. Il en est bien sûr résulté un album live en guise de souvenir sonore. Ce « Songs of a lifetime » sort sur Esoteric Antenna et propose un résumé de ce qu’a fait Greg Lake avec King Crimson, Emerson, Lake & Palmer ou Emerson, Lake & Powell (projet de 1986 avec Cozy Powell à la batterie). Quelques reprises d’Elvis Presley, des Beatles ou du « People get ready » des Impressions viennent s’intercaler dans cette vaste fresque.
C’est ainsi que se succèdent de belles pièces de « In the court of the crimson king » (« 21st century schizoid man » en introduction, « Epitaph/The court of the crimson king », « I talk to the wind ») et des extraits de « Emerson, Lake & Palmer » (1970), « Trilogy » (1972), « Brain salad surgery » (1973), « Works vol. 1 » (1977) pour ce qui est des albums d’ELP. Greg Lake rend également hommage à Elvis (« Heartbreak hotel ») et aux Beatles (« You’ve got to hide your love away ») à l’issue de longs discours adressés au public. C’est peut-être là le point faible de cet album : Greg Lake raconte sa vie au public, dans de longues allocutions souvent drôles, parfois édifiantes, mais qui auraient gagné à être un peu plus courtes et moins nombreuses. Six plages sur les vingt du CD sont en effet des exercices de spoken word, autant de moins pour la musique.
L’avantage est par contre de faire redécouvrir des morceaux intéressants de la discographie d’Emerson, Lake & Palmer, où l’on s’aperçoit que les contributions de Greg Lake au répertoire du trio figuraient parmi les plus fines et les plus élégantes, loin des courses folles sur les claviers auxquelles Keith Emerson avait parfois tendance à se laisser aller.
« Songs of a lifetime » plaira donc aux amateurs de King Crimson ou ELP et à ceux qui veulent écouter les bonnes histoires de l’oncle Greg. Point de vue son, l’objet est impeccable, raison de plus pour s’y intéresser.
Pays: GB
Esoteric Antenna EANTC1010
Sortie: 2013/02/25